C’est peut-être la pochette qui ne leur a pas plu. Les boobs à l’air sur la pochette, a priori, pas trop leur truc. Les corps de leurs femmes, ils ont plutôt tendance à les voiler (puis après, c’est nous les mécréants ?). Enfin, de là à qualifier un concert de EAGLES OF DEATH METAL (EODM) de « fête de la perversion », z’y vont un peu fort.

Et vous savez quoi ? Ils commencent à me péter les couilles, tous, avec leur Dieu unique. J’ai beau me placer sur le terrain de l’athéisme libertaire, je ne peux plus voir en peinture tous les torche-culs de textes sacrés, les discours débiles et cette foi inepte qui recouvre tout. Qu’ils se carrent dans le fion leur monceau de conneries et qu’ils nous lâchent la grappe. Évidemment quand on a dit cela, reste l’autre versant : comment peut-on espérer la paix en déclarant la guerre à des peuples qui nous ont rien fait ? Envoyer des avions de chasse (alors que les corps des victimes sont encore chauds) était-il une réponse appropriée ? Quand le vin est tiré, il faut le boire. La situation actuelle que vit la France est la résultante directe d’une politique islamophobe menée depuis plus de trente ans par tout un tas de pays dont le nôtre et les USA en tête.

Il n’empêche :
Si tout le monde gardait sa petite croyance en soi et arrêtait d’emmerder son prochain avec celle-ci, on aurait évité la moitié des conflits que l’humanité a connu. Comme le disait Umberto ECO, quand il le commet au nom de sa foi, l’homme ne fait jamais aussi bien le mal.

Il n’empêche (bis) :
Si cet album avait été aussi bon que "Heart On", que Josh HOMME n’avait pas annulé sa venue au Bataclan et si j’avais su qu’une de mes connaissances étaient au concert ce soir-là, j’y serais probablement allé. Mais l’album ne vaut que 3/5, Josh pas là et moi tout seul donc voilà, vous pouvez respirer. La connaissance en question s’en est tiré (elle a eu les réflexes de foncer vers les sorties de secours dès les premiers coups de Kalachnikov) donc tout est bien qui finit bien.

Vous êtes sûr ?
Non, en vérité, tout va mal et ça ne fait que commencer.

"Zipper Down" est devenu depuis quelques jours un album endeuillé, recouvert du sang de dizaines de victimes. Et EODM, du jour au lendemain, tristement célèbre. La barbarie l’a extirpé de la cotonneuse confidentialité à laquelle le groupe était destiné.

Destin qui choisit mal sa cible pour le coup, car "Zipper Down" n’est qu’un bon petit album de Stoner Rock, plus Rock que Stoner d’ailleurs. Toujours les mêmes références antédiluviennes, psyché et délicates qui donnent envie de se déhancher sans penser à rien. On retrouvera dedans les habituelles « tubes » comme ce "Complexity" qui ouvre l’album, simple comme l’eau de roche, ou ce "Silverlake" plus chaloupé, plus « QOTSA-ien » en quelque sorte etc. Ensuite, derrière, ça déroule. Pop-Rock sixties sur "I Love You All the Time", du bizarre et du biscornu aussi qui fout la pèche, énergique en diable ("Got the Power"). "Zipper Down" se termine sur une note grisonnante, sur une douce ballade saccadée, juste sympatoche ("The Deuce") avant d’implorer, d’émouvoir avec une reprise de DURAN DURAN : "Save a Prayer" (comme un symbole, la perle cachée de l’album). Après nous avoir fait passer par (presque) tous les états, on se quitte sur "The Reverend" électrique, mouvant : le Stoner pur jus reprend ses droits à la toute fin.

"Zipper Down" est bon, bien foutu, agréable de bout en bout comme une bonne bière bien fraîche après une randonnée en plein soleil. Sauf qu’évidemment, vu le contexte, ce n’est plus le « problème ». On n’écoute plus EODM, plus vraiment, et "Zipper" est devenu autre chose. D’aussi dramatique que ne le laisse pas son contenu. Toute la folie du monde pourrait se résumer dans ce paradoxe. Celui de boire cette coupe jusqu’à la lie, boire tout ce sang au parfum d’agrumes et de soleil. Entendre le son des Kalaches là où on s’attendait à se dandiner comme des dindes.

Vous aurez noté que j’ai essayé de vous caser le moins maladroitement possible quelques mots sur l’album.

Évidemment, l’heure est aux pleurs, à la peur, à se lamenter. Pour ma pomme, ce qui émerge ressemble davantage à un ressac noir qui me donne envie de serrer le poing et les dents.