Quand on coupe la tête d'un être vivant, il meurt…
Jusque là, tout le monde me suit.

C'est ce que j'ai cru de suite quand j'ai découvert sur les réseaux sociaux l'annonce du départ de Ed Gibbs de DSHS, brusquement… Sa voix si effarante et frappante m'a systématiquement enthousiasmé année après année. Il constituait selon moi la tête de proue du navire anglais, porte drapeau outre-Manche de la scène post-(hard)core atmosphérique. Ce charismatique frontman semblait ainsi ouvrir la voie à son équipe et porter haut les couleurs du genre à travers une Europe malheureusement encore trop peu réceptive à leurs prestations…

J'ai donc cru que c'était la fin…

Pourtant, rapidement, un nom est paru : Paul Green…

Je dois reconnaître que j'étais forcément circonspect, empli de doutes et je ne donnais pas cher de sa peau ! Quel inconscient ! Tenter de passer après Ed, face au micro, semblait une mission suicide.
Sur le papier, en effet, difficile de ne pas être inquiet.
C'est sans aucun doute un véritable challenge qu'a tenté l'ex-THE ARUSHA ACCORD en se jetant dans l'arène à une période où le groupe semblait tout de même végéter (ce n'est sans doute pas un hasard que cela coïncide avec la fuite de Gibbs...CQFD).

Quelle meilleure façon espérée ainsi pour introniser votre nouveau frontman dans une période de doute ? Un E.P of course !

"Belongⵐ Betray" est donc composé de 4 morceaux et d'un instru ("ⵐ"), ces derniers ne laissant que peu de place au doute : DEVIL SOLD HIS SOUL a décidé d'extraire jusqu'à la dernière goutte ses tonalités marquantes depuis "Blessed And Cursed"… la rage en moins.
En effet, dès "Devastator" enchaîné avec "Time", on retrouve tous les ingrédients du cahier des charges du combo : une alternance de chant screamé/chant clair, des riffs puissants et dévastateurs, de plans aériens puis brutaux.
"Unveilved" lorgne davantage sur "Empire Of Light".

Globalement, Paul Green s'en sort bien. On le sent animé d'une réelle volonté de s'imposer sans totalement singer son prédécesseur. Sa voix, plus "grave", s'accorde totalement avec l'esprit du groupe (notamment ses screams qui n'ont rien de ridicule). Le constat est donc plaisant.
Mais c'est sans doute la matière qui fait défaut. Non pas que les morceaux soient ridicules ou ratés, non, mais ils sont juste plus fades… Malheureusement.
Attention, n'allez pas pour autant en déduire que cet E.P est un échec ! Il est tout à fait plaisant et agréable. J'ai toujours autant de plaisir à l'écouter après de nombreux mois de "repeat all" mais c'est simplement que tout ceci est trop prévisible, chose à laquelle DSHS ne m'avait jusqu'alors pas encore contraint avec autant de certitude.
Le titre instru n'est qu'un interlude quelconque qui fait quelque peu tâche sur 24 minutes d'un mini qui ne doit pas s'étendre sur des détails.

"Time" est sans doute le titre le plus complet et accrocheur mais "Devastator" fait son effet. Les samples sont plus discrets, les guitares moins tranchantes mais l'ambiance typique du groupe demeure et c'est bien ce qui me fait plaisir ici. "Alive", de ce point de vue, est vraiment fadasse.

Allez, ne nous mentons pas : je suis un mordu complet de ce combo, le départ d'Ed m'a fait peur mais DEVIL SOLD HIS SOUL a clairement voulu rassurer la fanbase avec un p'tit gars plein de bonne volonté. C'est un premier effort sympa et plaisant qui fait son petit effet. Il suffit pour vous en convaincre de mater sur internet les vidéos pour chaque morceaux, c'est sympa !
On retrouve cette construction parfois hypnotisante dans certains passages, loin de titres entiers, bluffants comme par le passé.
Les 6 membres du groupe ont quelque peu rassuré mais il va falloir passer l'épreuve du L.P, en durcissant le ton à mon sens.
Bienvenue Paul, mais maintenant la récré est finie, il faut se remettre au boulot les mecs !

Je reste sur le qui-vive.