IMPERIAL TRIUMPHANT est un autre sadique groupe suintant des entrailles de New York, terroir vedette du Metal underground américain. Il compte dans ses rangs deux des membres du combo Death Technique PYRRHON, chroniqué par mes soins il y a quelques années, et qui rebute autant que ce Black technico-occulte.

"Abyssal Gods" ne reçoit que des éloges depuis sa sortie en avril et pour cause : archi intimidant, construit autour de deux batteurs, d'un bassiste possédé et d'un chanteur-guitariste qui fait hurler et subir des expérimentations douteuses à ses cordes comme si sa vie en dépendait. Le résultat de cette opération à cœur ouvert est un album ahurissant que les profanes fuiront comme la peste. Les autres, foncez tête baissée pour ne pas demeurer la queue molle entre les jambes.

Oui, pour certains, IMPERIAL TRIUMPHANT sera l'empereur du foutoir intégral, avec ce Black psychédélique/déjanté et querelleur. Mais attention, c'est dans la nature de ces agressions que nous retrouverons le suc nourricier de notre écoute, par ailleurs, et aussi une raison de se réconcilier avec nos premières impressions trompeuses. Ne vous inquiétez pas, c'est normal, limite logique. Il faut se donner du temps.

Car "Abyssal Gods", personne ne sera assez nez-en-l'air pour le prétendre, ne se digère pas brusquement. Il y a tant de riffs, de martèlements, d'effets, d'ambiances malsaines enchevêtrées, qu'il faut se concentrer pour bien peser sa substance. Impossible d'apprécier si on n'est pas à 100% dédié, scotché, parfois contre son gré, à cette musique diabolique. Ennuyeux, je sais, mais la récompense est savoureuse.

J'ai vécu énormément, alors là énormément, de complications au moment de pénétrer dans cet univers fardé d'un puissant athéisme, d'une volonté de ridiculiser la religion comme peu de groupes l'ont fait. Il y a aussi cette dénonciation de la guerre qui recouvre le tout, motivée ou non par le Vatican et autres noyaux de croyances. Ces deux substances, historiquement liées bien qu'antinomiques, entrent en collision d'hallucinante manière sur "Abyssal Gods", engendrant une créature armée jusqu'aux crocs dévastant absolument tout sur son passage. C'est ça, la récompense.

L'album est composé de six pièces touffues et de quatre instrumentales vachement réussies. Ces dernières poussent entre les étalements de haine intense des Américains, et non seulement aèrent l'objet, mais nous rappellent les thématiques écorchées par le quatuor. Elles contribuent aussi à assombrir le disque, déjà envahi par les ombres et la technicité extrême, et ainsi à nous rapprocher du caractère divin de l'album.

Je ne peux qu'espérer que vous aurez la même patience que j'ai eue envers ce Black underground d'une jalouse rareté. Je pourrais citer des groupes tels que PORTAL ou ÆVANGELIST pour tenter de vous décrire le truc, mais je serais loin du compte.

IMPERIAL TRIUMPHANT ne doit pas souffrir de comparaisons boiteuses pour être apprécié à sa juste lourdeur. Laissez les cloches de Dité résonner dans vos pavillons, l'heure est à la rébellion.

Un très gros 4 qui se bonifiera avec le temps tellement "Abyssal Gods" se révèle grain par grain.

Podium : (or) "From Palaces Of The Hive", (argent) "Krokodil", (bronze) "Black Psychedelia".