Première galette pour les DREAMS OF SANITY qui évoluent dans un Heavy Metal théâtral se voulant d’inspiration gothique sur le fond et en partie sur la forme. Il s’agit donc d’un hybride au style délicat à confectionner. Celui-ci peut nous évoquer un cousin très éloigné de l’extravagant LACRIMOSA en beaucoup moins talentueux cependant. Formation avec qui DREAMS OF SANITY partage des thèmes récurrents et le label Hall Of Sermon. Attention toutefois, la comparaison s’arrête là. Le groupe de Tilo Wolff (accessoirement patron du label), navigue musicalement à plusieurs encablures de ses protégés. En effet chez le duo allemand à l’interprétation irréprochable, le rock gothique est la base à laquelle sont greffés le Metal et les orchestrations symphoniques, alors que chez nos autrichiens la base est Heavy Metal et certains éléments gothiques et atmosphériques sont ensuite additionnés avec un succès mitigé. Précisons que cet enregistrement est un concept sur "La Divine Comédie" de Dante Alighieri, dont je conseille vivement la version illustrée par les gravures de Gustave Doré. Chef-d’œuvre dans lequel ont été puisés des pochettes et livrets pour EMPEROR ou ELEND par exemple.

Convenons qu’ici le décor en carton-pâte est tellement grossier et les effets spéciaux si ostentatoires que cela en devient gênant. La recette est enfantine: sur un lit de riffs hautement mélodiques, nos musiciens couchent des wagons entiers de claviers aux sons pompiers et discutables. Puis le tout est enrobé de nombreux breaks et solos ainsi que par une dualité de chants féminins. En toute honnêteté, ces morceaux à tiroirs auraient pu produire des étincelles, mais malheureusement la plupart du temps le résultat se révèle bien trop poussif pour flatter durablement les auditeurs.

Pourtant la redoutable Sandra Schleret est une attraction non négligeable, grâce à la qualité de son chant modulé dont la puissance et le tranchant ne sont pas à remettre en question. Notre rossignol est secondée par Martina Hornbacher qui marquera les esprits sur le mémorable "Vovin" de THERION (1998) (elle réapparaîtra également en 2001 sur l’exécrable album d’ALAS). De manière étonnante, notre amie n’apporte pas vraiment de valeur ajoutée même si sa prestation reste solide.

Après un élagage massif, nous constatons que les auteurs parviennent en quelques occasions à toucher au but à l’aide notamment de mélodies qui éveillent l’intérêt et de joutes instrumentales non dénuées d’attraits. C’est le cas sur "Komödia III The Meeting" ainsi que sur "Komödia IV The Ending" qui sont tous deux dotés de nombreux enchaînements luxuriants et autres riffs marquants. Cela n’empêchera pas ces morceaux d’être prolixes. Citons dans une moindre mesure "Komödia II The Dream" dont le break central amène un refrain lyrique abouti avant que le soufflet ne retombe. Les autres pistes éprouvent toutes les peines à convaincre, à l’image du pataud "Komödia I The Beginning" qui semble se réveiller lors de sa dernière minute avec des guitares lead judicieuses.

Voilà un disque divertissant pour certains et un cas embarrassant pour les autres. Malgré des reproches justifiés, les amateurs du genre se plairont à ressortir parfois cet opus poussiéreux du grenier afin de se repaître des réussites qu’il contient.