METALUCIFER fait d’une pierre deux coups et délivre deux versions de ce qui se trouve être son troisième album, curieusement ni plus ni moins officielles, le titre ultra subtil de cette version avec parenthèse et tout donnant un indice sur le contenu et éliminant les risques de confusion avec l’autre "Heavy Metal Bulldozer". METALUCIFER, ex-projet et actuel groupe à part entière fun et décalé arc-bouté sous le signe de l’exotisme extrême, abandonne ce concept en donnant carte blanche à un lineup 100% allemand (dont 2 des 3 musiciens ont joué sur "Heavy Metal Chainsaw" et qui ont par ailleurs tous leur groupe à domicile, groupe du genre DESASTER, pas n’importe quoi) pour enregistrer leur propre version des compos écrites par Gezol et qui enregistrées par le sieur et ses collègues habituels sont sorties sous la même bannière de METALUCIFER, le même jour et sur des labels différents… facile de se tromper, d’autant plus que le lineup japonais a mis en boîte une version chantée en japonais et l’autre en anglais. C’est donc de la version la plus occidentalisée qu’on parle ici, les allemands, baptisés de leurs noms de guerre dans la coutume sabbatique, ayant pour mission de démontrer que ces chansons tiennent la route même en l’absence du packaging de gimmicks qu’on associe généralement a tout ce que fait Gezol, la fraicheur apportée par ce côté extra-musical pouvant avoir tendance à chasser un peu le sérieux des compos 100% metal.

Le bulldozer est un talisman qui réussit peut-être un peu moins à METALUCIFER. Rustique avec plein de chevaux de Metal sous le capot, avec un engin pareil (et un tel conducteur, regardez de près la pochette) forcément la distance la plus courte du point A au point B c’est une ligne droite en écrabouillant tout ce qui se dresse entre. Une efficacité qui prend un peu le pas sur l’audace dont le groupe faisait preuve sur ses autres sorties, et que l’interprétation germanique décuple. L’attaque allemande est en fait assez peu agressive et si par allemands vous entendez du lard et des mousses c’est exactement ce que vous aurez. "Teutonic Attack" c’est du Metal de gros. Grosse mécanique dégoulinante de gros cambouis, grosse guitare en fonte rouillée sortie de l’établi, chant clair et refrains gras hurlés par des gosiers dodus, rendement à 100% avec gros son impeccable, là où le lineup japonais a livré une interprétation plus nerveuse et revêche, à l’ambiance plus inquiétante, en mode rituel Metal interrompu au cœur de la nuit.

En parlant d’efficacité, c’est justement le seul album de METALUCIFER sans instrumental épique, ce qui est un des quelques changements de tracklist, cette version est amputée de trois chansons remplacées par une interlude/intro et un réenregistrement de "Heavy Metal Drill" sans petits cris perçants vicelards donc, seulement du larynx graissé à la sauerkraut dans les parages. On regrettera surtout l’absence de "Heavy Metal Mountain" et ses accents plus posés. Par ailleurs la tracklist change complètement d’ordre, pour des raisons assez obscures puisque toutes les chansons remplissent la même fonction de faire cogner du poing et avec la même efficacité, et si le détour des compos se fait peut-être moins prenant chaque titre s’entête à délivrer son refrain prenant ("heaaaaavy metaaaaaal bulldozer, bulldozer", "heavy metal wings of steeeeeel", "heavy metal highway, heavy metal highway rideeer", "hea-vy me-tal battleaxe !", "heavy metal ironfist HEY !", vous voyez l’idée), jusqu’au dernier morceau original qui appuie bien la fibre nostalgique "heavy metal warriors in my dreaaaams, heavy metal warriors in your dreaaaams.. ".


METALUCIFER fait ici encore plus qu’avant figure de MANOWAR de la vraie vie, portant son bide comme armure d’acier, balancer des flèches noires de la mort droit dans le cœur de ceux qui jouent du faux Metal ils sont sans doute pas contre mais faut aller s’entrainer au stand c’est fatiguant, le Valhalla pour eux c’est l’apéro sur le parking du Keep it True, c’est la candeur avec laquelle ce message est délivré qui rend cet album si prenant, ainsi que l’application a toujours élaboré un Heavy aux mélodies rien de moins qu’irréprochables dont pas mal de groupes décalés pourraient s’inspirer.

Album un poil moins ambitieux parmi une disco assez réduite pour ne toujours pas comporter d’objets dispensables, l’expérience de la variété réussit bien au combo qui délivre un album encore plus rentre-dedans et je dirais bien que le METALUCIFER version Bulldozer se place tranquillement au top de ce qui s’est fait en 2009, si seulement j’avais la mémoire pour les classements les listes et ce genre de trucs. Mais je pense ne pas trop risquer de me tromper pour le coup.