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HEAVY METAL  |  STUDIO

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- Membre : Sabbat [jap]

METALUCIFER - Heavy Metal Drill (1996)
Par CITIZEN le 31 Octobre 2014          Consultée 2861 fois

Aaaaaaaaah... METALUCIFER.
METAL.
LUCIFER.
METAL... LUCIFER ?

Les maniaques qui rafraîchissent la page d’accueil de NIME à minuit et une minute pour capter à sa source la décharge de Metal qui leur fait traverser la journée ont un moment d’arrêt, un mouvement instinctif de recul, esquissent un vague geste de protestation, un faible “mais enfin“ sort de leur bouche. Ils se frottent les yeux et osent soutenir à nouveau du regard la page web qui brille intensément dans leur chambre plongée dans l’obscurité[1].

METALUCIFER est toujours là. Ce n’est pas une faute d’orthographe.

METALUCIFER[2]. Ce n’est pas une apparition en cauchemar nocturne des vieux démons kitschissimes du Heavy, ceux qu’on a cherché à remiser une bonne fois pour toutes dans un placard dès que la télé a enfin fini le décompte du 31 décembre 1989 au 1er janvier 1990 : c’est la réalité ! C’est maintenant ! Alléluia ! Un nom régressif, gros bras d’honneur à toute velléité d’intelligence et de diversité dans notre style favori, une défiance qui donne des sueurs froides au vil protagoniste incrédule de mon intro, qui ne veut surtout ne pas nourrir les clichés et donner des prises aux fourbes journalistes d’M6 (après tout, on est sophistiqués nous, on vaut mieux que ça, pas vrai ? … Pas vrai ?) : on y voit un serment d’allégeance.

Et voilà une chro qui devrait s’écrire toute seule si par chance ma plume[3] est trempée dans le même acier en fusion[4] que la six-cordes de Gezolucifer, ou Gezol tout court dans son autre petit projet musical pas du tout culte, SABBAT, avec lequel il a fondé son propre sous-sous-genre du Black Thrash occulte asiatique, genre sur lequel il régnera sans doute éternellement (les Indonésiens et autres Singapouriens sont quand même loin derrière). Bref, après avoir ouvert de nouvelles perspectives à l’imaginaire black en réalisant un boulot aussi considérable (en termes d’esthétique) que les hordes de l’ouest, Gezol revient à ses premières amours[5] en faisant montre de pénitence et d’humilité en fondant un combo volontairement dénué de toute identité, ou plutôt qui choisit de se faire un dépositaire de l’essence éternelle du Heavy Metal.

Après l’imagerie satanique à outrance de SABBAT, METALUCIFER explore le côté tout aussi outrancier de la sous-culture Heavy Trad - “on retrouve les potes à des festivals l’été en Allemagne, on fait des barbecues au soleil, on compte les clous sur nos vestes à patchs dans les vestiaires entre mecs, on commence à prendre du bide sous le denim, on en a rien à branler”, style de vie dont beaucoup rêvent mais qui n’est pas donné à tout le monde (les 7’ EP limités à 200 ex ça coûte son prix et les patchs ne sont pas déductibles des impôts). Pourtant, les deux entités restent assez perméables et les mérites sont parfois difficiles à séparer, par exemple cette chansonètitre dans laquelle on reconnaîtra un bout de “Black Metal Horses“. Sans parler du fait que le nom de METALUCIFER est également tiré d’une chanson sabbatique. D’ailleurs, si pour enregistrer cet album Gezol(-ucifer) fait bande à part avec la formation SABBAT stable depuis un moment, son guitariste n’est ici autre qu’un compère qui l’a accompagné dans ses projets musicaux depuis... 1981 !

Ici une petite précision s’impose sur la tracklist chroniquée puisque plusieurs versions sont disponibles, mais je déconne bien sûr et je prendrai jamais le soin de caser un détail si naze dans mon intro qui dure depuis des paragraphes et des paragraphes, non, ce qui est intéressant dans ces versions ce sont les différents artworks (je sais pas lequel les admins vont mettre pour illustrer l’album, je me laisse la surprise), qui influencent fortement l’oreille avec laquelle vous allez faire la première écoute. Si l’un est classieux et héroïque, l’autre complètement abusée repoussera quelques-uns des lecteurs malgré son évident second degré (qui est en fait un premier degré parfaitement assumé et conscient de son caractère 100 % kitsch, ce dont ne peuvent se prévaloir des pochettes d’albums solo d’HALFORD par exemple). Et comme logo un symbole over-phallique, la Foreuse officielle du Heavy (il était temps que notre style musical commence à donner aux engins de chantier la place qui leur revient !).

L’interview qui expose le projet METALUCIFER comprend un name-dropping impressionnant (et exécuté avec une aisance tout simplement stupéfiante, j’ai pris des notes) qui nous apprend que Gezol veut rendre hommage à plus ou moins tous les groupes de niouwaiveobéachehèm passés présents et à venir (et à KILLERS tiens donc). Ça a le mérite d’afficher une saine ambition ! Et le round d’échauffement "Heavy Metal is My Way" est effectivement assez adéquat, surtout avec son cri à la Eric Adams sorti de nulle part. Mais METALUCIFER ne se montre pas encore tout à fait digne du standard qu’il revendique. Ça n’arrivera que... au moment de la chanson suivante, ou plutôt des deux morceaux suivants, le brillant enchaînement "Heavy Metal Drill"/"Heavy Metal Hunter", deux pistes lancées sur un rythme identique et sans coupure, cavalcade sur laquelle Gezol peut enfin libérer un génie Heavy écrasé par la domination de ses velléités Black pendant ce début de carrière. "Heavy Metal Drill" tout d’abord : les morceaux de Heavy ont LEUR solo, Gezol tord le coup à cette méthode et construit un titre entier sur une guitare lead entêtante et cyclique qui mène la charge, et se permet d’enchâsser une sorte sous-solo (ou sur-solo) pour faire à la nique au motif principal, donnant vie un hymne monobloc, fonceur et délirant et aux textes... aux textes !

Textes et surtout chant méritent leur part de blabla tant ils sont ce qui saute à la gueule en premier chez METALUCIFER et forgent son identité. Gezol surjoue son accent japonais dégueulasse et complètement décomplexé qui donne un vrai coup de baguette magique et fait une grande partie du sel de la musique, ce qui marche d’autant mieux au vu de toutes ces autres qualités que je passe en revue. Ecoutez Gezol s’égosiller "heavy metal daliiiiil!”, qui ressemble plus à la prestation sauvage d’un fan bourré dans les travées d’un stade qu’à un chant sérieux, et c’est justement ces éclats de passion naïfs que METALUCIFER capture et restitue ! Puis cette basse menaçante qui crépite comme une cohorte de mygales bien velues lancées droit sur vous, Gezol s’est bien dégourdi les doigts (sans doute à force de coudre tous ces patchs), graaaah. Puis "Heavy Metal Hunter" dont le refrain donne l’impression que tous les vieux démons du HM jouent du coude pour le privilège de vous exploser dans les oreilles ! Les riffs bordéliques des débuts de SABBAT sont très loin derrière, le katana à six cordes est ultra aiguisé, il produit un Heavy que l’on sent le résultat d’un travail de précision, un travail inavoué en coulisse pour manigancer une musique puissante, émotionnelle et excitante, 3 mots qui sont à la fois nécessaires et suffisants pour qualifier n’importe quel grand album de Heavy !

Le meilleur passé en revue, à moins de faire dans le trivial ce serait un peu vain de rentrer dans les détails du reste de l’album, qui suit largement niveau qualité cependant. Pour le plaisir pensons au thrashy "Wolf Man", chanson cool en dépit de (ou grâce à !) sa montée en puissance super classique ; aux bouts de KILLERS qu’on retrouve dans un solo, de METALLICA dans un riff (chacun reconnaîtra sans doute des tonnes d’emprunts, mais chaque riff pourrait être pompé que ce serait pas grave tout compte fait), à l’entièreté de "Monster Of The Earth", à l’instru épique "Metalucifer", au titre entier dédié au noble art du headbang (frénétique comme il se doit mais pas avare de "WOOO-HOOOO HOOOO ! "), à ce rythme speedé qui vous pousse au cul tout au long (idéal pour votre footing)... (et à un dernier titre qui se traîne un peu).

À la fin de l’album on ne peut que tomber à genoux et prêter à pleins poumons un éclatant serment de Metal, écrasé par la force de conviction et de tabassage tout court de METALUCIFER !


[1] Cette même obscurité qui permet au narrateur de jeter un voile pudique sur le poster de MESHUGGAH au mur dont il ne faut surtout pas parler et... oh, zut
[2] C’est dans le même état d’incrédulité hagarde que je me représente l’auteur d’une autre chronique sur cet album qui exprime tout son désarroi, sa confusion et sa soudaine terreur existentielle en tournant en dérision ce patronyme METALUCIFER qui pourrait aussi bien s’appeler HARDIABLE. Je rétorque qu’HARDIABLE est un nom tout aussi excellent et j’encourage n’importe quel mordu de la Flying V à fonder ce groupe, c’est un 4/5 d’office ici.
[3] En bon hipster toutes mes chros sont écrites à la plume d’oie avant d’être numérisées par des emplois jeunes rémunérés trois Balthus tièdes.
[4] J’aime tellement cette expression, je comprends pas que des chroniqueurs qui ont l’opportunité de l’écrire à tout bout de champ ne la casent pas dans toutes leurs chros.
[5] Gezol fait partie de ces gars qui ont su, par dessein ou la force des choses, documenter leurs moindres faits et gestes les plus insignifiants et ce avant même que leur carrière ait commencé pour de bon et le culte qui entoure maintenant le bonhomme assure un intérêt certain pour ces débuts : ainsi on sait que dès le lycée Gezol faisait des covers d’IRON MAIDEN sous le nom de HOT RODS, et on peut même entendre ça et sous format vinyle svp, ce qui n’est bien sûr pas donné au coverband des Régis ou Jean-Michel du coin.

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- Gezolucifer (basse, chant)
- Elizabigore (guitare)
- Elizaveat (guitare, batterie)


1. Heavy Metal Is My Way
2. Heavy Metal Drill
3. Heavy Metal Hunter
4. Soul Of Warriors
5. Monster Of The Earth
6. Wolf Man
7. Headbanging
8. Metalucifer (part I)
9. Iron'n'steel'n'metal



             



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