Les groupes comme CARACH ANGREN ne courent pas les rues. Son Black Sympho est unique et a vraiment trouvé sa niche après "Lammendam", un premier album très correct. Ses trois caractéristiques principales sont des guitares véloces et acérées, des orchestrations cauchemardesques et cinématographiques ainsi que des textes longs, presque narrés. Eh oui, ça fait penser à BAL-SAGOTH tout ça, en moins cosmique, ou épique, dira-t-on !

Les néerlandais sont davantage des tisseurs de trame sonore de long-métrage d'épouvante mainstream, dont les rebondissements et changements de rythme pleuvent pour vous faire sursauter à chaque tournant. Une affiche qui devrait attirer l'œil en une fraction de seconde…

"This Is No Fairytale" est, après "Death Came Through A Phantom Ship", l'album de CARACH ANGREN le plus représentatif de la thématique principale. Surtout quand on lit les paroles, qui reprennent des sujets connus à la sauce empoisonnée. Certains passages sont très violents, crus, et déboulonnent des histoires classiques sans gêne.

Gretel dropped the cake she held.
She fell down on her knees,
began to cough up blood and threw up her delicious meal.
She couldn’t breathe.
Chocking and chewing on the guts
spewing from her mouth.
Also, Gretel bled from her eyes and her ears and her nose.
She was bleeding like a pig.
Until she dropped dead!

Et ce n'est qu'un exemple !

Au niveau de la musique, ce conte de fée pour adultes est plus abstrait que "Death Came Through A Phantom Ship", mais moins que "Where The Corpses Sink Forever" qui, malgré de bonnes ambiances, était plus labyrinthique. Non pas que cette nouvelle fricassée de chair électrisante soit archi claire, n'allons pas jusque-là, car je vous parie qu'avant cinq ou six écoutes, vous ne distinguerez pas grand-chose de marquant au point que ça s'imprègne tout seul. Du percutant, ça oui, vous en entendrez, l'univers de CARACH ANGREN fascine autant qu'il gâte. Il vous faudra juste tasser les couches de toiles d'araignée pour bien saisir les joyaux que font briller une fois de plus les néerlandais les plus tarés du monde Black Sympho.

Tarés dans le bon sens, hein, car cette mixture d'orchestrations classiques et baroques, jumelée à un esthétisme théâtral toujours plus assumé et soutenu, les rend irrésistibles à toutes les oreilles avides d'originalité. Si le tableau s'avère des plus abstraits, il se laisse déguster tranquillement comme un bloc solide, dont la durée de vie s'allonge comme le plaisir d'y plonger sans arrière-pensée. Après tout, n'est-ce pas un conte de fée ?

CARACH ANGREN continue de jouer avec le feu et de pondre des œuvres risquées, bourrées à ras-bord, dont le contenu pourrait facilement écœurer. Certains privilégiant des lignes mieux définies n'accrocheront pas, c'est évident, mais les aventuriers drogués au cinéma d'horreur prendront une fois encore leur pied sur cette constellation d'astres ébène dont les néerlandais ont le secret.

Je le réécris : "Death Came Through A Phantom Ship" demeure pour moi le sommet du groupe jusqu'à maintenant, mais qui sait si ce quatrième album n'est pas le présage d'un futur chef-d'œuvre conceptualisé qui saura fracasser nos certitudes… Les surprises y sont en nombre suffisant et l'inspiration ne se tarit pas, deux excellents signes que la consécration viendra, comme chez toute grande formation.

Podium : (or) "When Crows Tick On Windows", (argent) "Possessed By A Craft Of Witchery", (bronze) "Tragedy Ever After".