Steffen Kummerer est sans conteste une des étoiles déjà établies de la nouvelle vague métallique extrême allemande. Leader d'OBSCURA, groupe de tête du Death Technique moderne, Kummerer a fondé presqu'en même temps le combo Black Mélo/Death THULCANDRA, hommage à peine voilé à DISSECTION, autant dans la présentation que dans la musique.

Maintenant que suffisamment d'eau a coulé, THULCANDRA a maturé et on pense de moins en moins à DISSECTION. Aussi n'utiliserai-je plus le nom du défunt groupe à partir de maintenant dans mes chros THULCANDRiennes, afin de rendre le "vrai" hommage qui s'impose dans cette histoire : le plaisir que nous procure ce Metal inspiré, aussi froid que mélodique, aussi scotchant que violent.

THULCANDRA découle davantage de l'école Black Mélo scandinave qu'autre chose, alors les amateurs de grattes, de trémolos et d'ambiances réfrigérantes seront une fois encore servis. Ajoutez-y une touche lyrique toute européenne et boom !, vous êtes au Paradis !

"Ascension Lost" ne supplante pas les deux premiers albums du groupe, il ne fait qu'améliorer la formule en y injectant un tonique qui permettra, enfin je l'espère, au quatuor de sortir de l'anonymat presque complet. La renommée précoce de Kummerer devrait aider et être exploitée, car bon, les riffs et mélodies dont il tapisse ce skeud valent la peine d'être entendus par-delà les monts et les vaux, pour ne pas pomper une phrase célèbre…

Parlant de monts et de vaux, impossible de ne pas les imaginer à l'écoute de ce "Ascension Lost". Bien sûr, THULCANDRA ne se revendique pas de la belle famille du Black Atmo, mais sa musique en possède une mince couche venant cimenter les mélodies nerveuses formant son enveloppe charnelle et son essence. Sinon, ce Black est assez direct, incisif, trace des chemins souvent empruntés vers la noirceur et la mort, et tout ce genre de choses… Pas étonnant que la "mascotte" du groupe soit la Mort elle-même, encapuchonnée comme on aime l'apercevoir de temps à autres surplombant un précipice ou juchée sur le faîte d'une montagne ! THULCANDRA se prosterne diligemment devant elle, louant sa présence parmi les hommes, chantant ses légendes, évoquant ses trop nombreux passages dans le monde des vivants ou dans les mythes. Tout cela inspirerait le moindre métalleux, alors imaginez quand ça émane du cerveau de Steffen Kummerer…

"Ascension Lost" est l'album gorgé de mélodies et d'ambiances mi-cauchemardesques mi-épiques que j'attendais. Après un "Fallen Angel's Dominion" convainquant et un "Under A Frozen Sun" confirmant les aptitudes des Allemands, le Triforce est réuni. Ce troisième morceau représentera l'esprit de THULCANDRA, car à partir de maintenant, son identité est pleinement définie, assumée et se matérialise dans une savante collection de pièces érigeant un pont entre le Black crade et les splendeurs mélodiques du genre. Ne vous attendez pas à un coup de génie ou à une orgie technique toutefois, le groupe n'a pas les armes pour faire la révolution, mais assez de mordant pour insuffler de l'espoir dans le cœur. Disons que c'est la partie noire de l'âme de Kummerer…

THULCANDRA, quoi qu'on en pense, devrait agrandir la brèche qu'il a créée lors de sa reformation, à la fin 2008, avec cette offrande hivernale sept ans plus tard. Longue vie à la Mort !

Podium : (or) "Demigod Imprisoned", (argent) "Throne Of Will", (bronze) "Ascension Lost".