Les Anglais d'EYE OF SOLITUDE produisent de la musique aussi vite qu'un hachoir à viande chie de la saucisse. C'est pas croyable ce que ces types ont sorti depuis 2011 : trois E.P et trois albums, dont le dernier, "Canto III", m'a sidéré. Un an jour pour jour après la parution de ce joyau, voici "Dear Insanity", E.P constitué d'une seule pièce de... 49 minutes. Misère... Je déteste ça.

Et force est d'admettre que je n'abhorre pas pour rien, car à part se répéter pendant 49 minutes, qu'est-ce qu'un groupe peut bien foutre pendant près d'une heure à piocher sur le même morceau ? À part trouver quelques filons ici et là et les exploiter au max, les tordre jusqu'à ce que le jus ait disparu ? Des formations comme YES, PINK FLOYD, ou GENESIS n'avaient pas leur pareil pour nous tenir en haleine pendant une vingtaine de minutes en nous pondant des perles aux reflets changeants, mais là... EYE OF SOLITUDE s'est planté royalement.

Je peux comprendre qu'étant jeune, la formation cherche à expérimenter, sortir des sentiers battus. D'ailleurs, elle a offert des compos de toutes les longueurs depuis ses débuts, de la courte à la moyennement longue, à l'exagérée, comme c'est le cas ici.

Était-ce nécessaire de faire une intro de neuf minutes et une outro aussi interminable ? Avait-on besoin de se farcir 49 minutes pour pénétrer dans ce cachot psychologiquement sordide et instable qu'est "Dear Insanity" ? Évidemment pas, car le concept est simple, on l'a deviné avant même d'écouter, on peut anticiper l'atmosphère que EYE OF SOLITUDE tressera et étirera. Déjà là, c'était perdu d'avance.

Il aurait été plus sage de couper ce serpent de moitié ou de le diviser en deux plages de vingt minutes moins traînardes. Au moins le E.P aurait-il pris de la valeur et le groupe aurait eu un plan B. Mais la réalité est tout autre : si on s'emmerde après 15 minutes, on est condamné à errer dans les limbes pendant 49 minutes. Et c'est plutôt ce qui se passe.

J'ai entendu ici et là, durant les nombreux passages tranquilles, des notes mélancoliques à la SHINING, dont le piano de la fin qui pompe affreusement les instants finaux de "Total Utfrysning" (sur "VI / Klagopsalmer") et ça ne devrait pas nous surprendre, car bon, l'univers des deux groupes est semblable à bien des égards. La patte du groupe, surtout du côté des guitares, est intacte, pas de problème. Le synthé est omniprésent, la fresque est bien dépeinte. Sauf que merde, c'est si long qu'on a l'impression de perdre le fil constamment, de perdre notre temps. Surtout que c'est du Doom, alors ça passe len-te-ment, sans moments inoubliables ni points d'exclamation.

Bref, un coup d'épée dans l'eau, sauf si vous avez des trucs à faire et que vous voulez une musique en arrière-plan autre que la fichue radio.

Vivement un album et mort aux E.P chez EYE OF SOLITUDE. Surtout aux E.P de 49 putain de minutes.

Note : 1,5/5.