Je vais vous faire une confession. BEHEMOTH me les brise. Mais genre violent.
Enfin, pas toujours. C'est un groupe que j'aimais beaucoup mais qui a viré au caca. Je ne connais pas du tout leur époque Black Metal (et d'ailleurs je m'en branle) mais à partir du moment où leur Black/Death a été établit ça a tout défoncé. De "Satanica" à "Zos Kia Cultus", le groupe est grand, et ce même si Nergal nous chante un fabuleux "il a envie de faire caca" comme refrain pour "Heru Ra Ha". Et puis après... Après il y a eu "Demigod", l'album d'Extrême de Michael Bay qui passe pendant 2 morceaux mais dont je sature totalement du fait que Nergal soit systématiquement 12 à chanter en même temps, et la suite pffff...
Un truc que je n'aime pas du tout chez nos Polonais, c'est quand ça ralentis. Ils ne savent pas faire les mid-tempos, c'est mou, c'est chiant, mal branlé et kitsch dans le mauvais sens du terme. Foutez côté à côté la grandeur d'un "Chant For Ezkaton" et la torture absolue "Ov Fire and the Void" quoi. C'est pas une considération de bourrin olol y'a que le blast à 300bpm de vrai, c'est juste que le style à moitié prétentieux qu'ils tentent de dégager me tape sur le système. Du coup, vous vous en doutez, j'ai viscéralement détesté "The Satanist". Certains parlent de maturité, je parle d'absence de vigueur absolue et de platitude.

Du coup, quand je me suis retrouvé face à TYRANNY ENTHRONED, j'ai été assez perplexe.
Vendu comme un bon gros Black/Death des familles pour, je cite le promo, "les fans de HATE, EMPEROR, VADER et DARK FUNERAL", c'est une autre manière de dire "c'est du sous-BEHEMOTH, alors prie pour que ce soit une imitation de la bonne période". Parce que VADER + DARK FUNERAL ça fait BEHEMOTH, HATE c'est un sous-BEHEMOTH qui a jamais réussi à percer, et EMPEROR je sais pas du tout ce que ça vient foutre là.
Et du coup, horreur absolue ou pas ?
Eh bah non. Enfin, ça va.
Parce que TYRANNY ENTHRONED s'en tire franchement bien sur ce coup là, se foutant exactement dans le bon créneau, singeant la bande à Nergal en livrant une version naturelle, spontanée et revigorée des dernières livraisons. Certes, ça commence très très très mal avec une "Visions Of The Surreal" qui ne démarre tellement jamais et au sein de laquelle il ne se passe tellement rien qui mérite qu'on écrive un mot dessus que je me suis juste dis que j'allais ajouter un 1/5 à mon palmarès, mais dés "The Incubus" on soupire de soulagement et on lève le poing.

Autant donc ce premier morceau copie sans aucune forme de logique de composition ce que BEHEMOTH a fait de pire, autant justement ça se rattrape par la suite. Gros blasts velus, passages épiques à en crever, on nage en plein milieu d'un Death/Black de routine avec une voix tellement Polonaise qu'elle en est un vrai putain de cliché (alors qu'ils viennent des US en fait). Voilà, on est contents d'avoir trouvé une bonne alternative à une grosse machine en roue libre grâce à la seconde zone. Toujours bien à cheval entre un Black froid et un gros Death assez direct (la superbe "Interpreter of Dreams" ultra fouillée et complète), il y a cependant des points qui clochent. A commencer par cette production ultra clinique, répondant certes à tous les cadors des sons actuels et ne manquant pas de puissance, mais mécanisée et sans saveurs, privant l'opus de toute ambiance. Et surtout une fichue tendance à la répétition, les surplus à couper ça et là qui rendent le tout un poil moins marquant, surtout sur un titre éponyme final qui démarre parfaitement dans une ambiance martiale de glace mais se tirant une balle dans le pied avec une absence de renouvellement semblant rendre la seconde moitié interminable.

Et à côté de ça, quand nos gars acceptent de se lâcher et sortir des sentiers battus par le genre, ça nous donne de la bonne grosse boucherie comme on en voudrait plus. Comme cette "Concession" qui étale ses quelques 7 minutes avec une atmosphère bien différente, se la jouant beaucoup plus Thrash et s'égarant en rythmiques presque Punk, ce qui est pour le moins incongru au sein d'un album de Black/Death façon Polonaise. Bon, sinon on avoue qu'on est globalement en terrain archi balisé, et même si on a de super bons titres à se mettre sous la dent ("The Incubus", "Mark Of Conjured Divinity"), on est pas du tout en face de l'album de l'année. Une bonne grosse série B qui se regarde avec plaisir et s'oublie après, un peu noyée dans la masse des albums qui sortent partout, tout le temps, dans tous les genre, et faut avouer que celui pratiqué ici est loin d'être le plus sexy (je connais absolument aucun fan absolu de Black/Death perso, tout le monde trouve ça cool mais c'est pas un truc qui se revendique). Mais ça reste bien appréciable.

Comme on peut désormais le dire depuis un moment, "c'est toujours mieux que le dernier BEHEMOTH". Je me fais pas des copains vu que tout le monde a l'air d'apprécier ces derniers et je le comprendrais jamais mais bon. On va retenir une chose : TYRANNY ENTHRONED livre un album de Black/Death parfaitement équilibré entre froideur des riffs Blacks, puissance des riffs Death, suintant la Pologne alors qu'ils sont que dalle Polonais, et passant tout seul en fond pour égayer un bel après midi où on avait envie d'écouter un truc un peu différent.
Bref, voilà. Y'a quand même beaucoup trop d'albums cools qui sortent, c'est chiant de devoir trier comme ça pour garder que les chefs d’œuvres, le monde de la musique est d'une exigence juste impitoyable à un point scandaleux.
Fichtre.
Toujours est il que cet album mérite qu'on s'attarde dessus. Surtout si on est fan de BEHEMOTH. Vala.

Kansser : Tout ce qu'il y a de plus typique en Black/Death, bien plaisant, pas éternel.