Voilà un groupe étrange: NAUSEA. C’est le genre de formation bien underground qui a un parcours très chaotique.

Déjà il faut savoir que ce n’est pas un groupe de petits jeunes un peu trop énervés et pas très expérimentés. Non, les Ricains ont de la bouteille : avant de porter son nom actuel, le groupe était connu sous le nom de MAJESTY et avait sorti déjà 2 démos en l’espace de deux ans d’activité. Puis, après avoir splitté, il s’est reformé sous le nom de NAUSEA et a sorti 4 démos, un single et un split avec TERRORIZER. Oui, parce qu’il faut aussi savoir que Oscar Garcia a un peu le cul entre deux chaises à l’époque, puisque qu’il occupe le poste de chanteur dans les deux groupes. Et non je vous arrête de suite, NAUSEA n’est pas un side-project de ce groupe-là, les deux formations sont juste très intimement liées.

Tout ça pour dire que malgré toute cette expérience accumulée, le groupe propose sur son premier album un ensemble de choix un peu bizarres.

Tout d’abord c’est le mixage qui m’intrigue. Devinez quel est l’instrument qui est mis le plus en avant ici ? La batterie ! Oui, choix étrange n’est-ce pas ? Mon côté langue de pute me pousserait à dire qu’ils ont choisi de mettre sous les projecteurs le meilleur de leurs zikos... Parce qu’il n’y a rien à dire du côté du jeu d’Eric Castro : tout est carré et bien en place, le bonhomme enchaîne comme une machine de guerre les blasts, les beats plus typés Punk et incorpore parfois quelques tempi groovy dans les morceaux. Cependant les autres musiciens ne sont pas spécialement mauvais, juste peut-être un peu moins inspirés. Alors soit c’est un choix volontaire du groupe et dans ce cas c’est un peu chelou comme façon de procéder, soit c’est la faute à une prod ratée.

Et pourtant, la qualité de cette dernière est plutôt acceptable (sauf pour la caisse claire et la grosse caisse, mais j’y reviendrai plus tard), j’ai déjà entendu bien pire, et surtout elle semble vraiment vouloir apporter quelque chose à l’album, puisqu’elle sonne très Heavy/Doom. C’est là que vous vous dites « Attends ? Quoi ?!? Mais qu’est-ce qu’elle raconte ? ». Et pourtant je vous jure que c’est vrai, on dirait un mélange entre NAPALM DEATH et BLACK SABBATH. Écoutez simplement l’intro de "Mind Dead", un peu foireuse je l’accorde, mais vous comprendrez aisément ce que je veux dire. Cette basse lourde et aux accents fuzz , cette distorsion, ce tempo qui se traîne (pour du Grind), tout ça vous le retrouvez chez la bande à Ozzy ! Et dans le même temps tous ces éléments sont combinés à l’agressivité et la fureur de la voix d’Oscar, la simplicité des mélodies, et les changements de rythmes brutaux.

Putain ! Personnellement je n’avais jamais entendu ça auparavant ! NAUSEA arrive à allier la puissance du Grindcore, que l’on perçoit bien sur les titres "System Breakdown" et "Enemy Alliance", et le côté hypnotique du Doom grâce au riffing répétitif et très lourd.

Une curiosité dans le monde du Grind, qui a été légèrement occultée, mais on comprend pourquoi : parfois le son de caisse claire est juste dégueulasse, sur "Dream And Prophecies" ou sur "Make More Profit", par exemple, j’ai l’impression d’entendre un joueur de bidon d’huile vide ! Et je ne parle pas de la grosse caisse qui semble complètement étouffée et que l’on n’entend quasi pas sur tout l’album. Cependant cette galette mérite quand même d’être écoutée au moins une fois en tant que « plaisir underground pour fan de Grind », car même si elle est bien loin de ressembler au pilier qu’est "World Downfall", à cause de son côté brouillon et un peu trop déstructuré, elle est tout de même assez surprenante pour qu’on y jette une oreille. Néanmoins ce surplus d’originalité, ne la sauvera pas pour autant, car dans l’ensemble les compos sont assez moyennes et Oscar semble parfois s’éparpiller dans son chant.

"Crime Against Humanity" est un album destiné à vivre dans l’ombre.

2/5