Et si on mariait l'énergie et le timbre unique de Greg Puciato (The DILLINGER ESPACE PLAN), l'expérience de Max Cavalera (SOULFLY, SEPULTURA) et l'aura de Troy Sanders (MASTODON)? Improbable. Peut-être sur papier, mais dans la réalité, ça fonctionne ! Voici le premier effort du « super groupe » KILLER BE KILLED.

Puciato et Cavalera se connaissent depuis un certain temps, car l'Américain a été guest pour SOULFLY en 2009, donc entre ces deux moineaux, quelque chose se tramait bien avant que les fans apprennent avec joie leur union musicale pour ce nouveau projet. Quant à Sanders, il arrive de nulle part, comme Dave Elitch (The MARS VOLTA) à la batterie. Mais bon, ne venez pas me dire que ce line-up n'est pas intéressant... Trois voix reconnaissables entre toutes et des musiciens aguerris et respectés !

La première question que vous vous posez est évidemment : est-ce que ce mix d'influences sonne comme les groupes respectifs de ces poids lourds métalliques ? Eh bien, KILLER BE KILLED joue avant tout du Thrash, alors on pourra dire que Max a gagné. Sauf que... On est loin des cartes postales marécageuses qu'aime peindre Cavalera depuis ses débuts. Ce Thrash moderne contient les thèmes exploités par Max, mais il a laissé la violence de TDEP et le côté progressif de Sanders prendre leurs aises aussi.

Ça groove donc en malade, mais ça gratte surtout avec une précision chirurgicale, sans trop de plans compliqués. La moyenne de temps des morceaux est de 4 minutes, donc le Prog est limité pour offrir une musique directe et sans merci... même si les fans de MASTODON se sentiront en terrain connu. Sanders a poussé la couverte de son côté très fort, ce qui a sûrement aidé le projet à obtenir autant de succès critique jusqu'à maintenant.

Mais la réelle force de ce combo surprise, outre la symbiose des styles, est ce match de tennis de table vocal que se livre le trio de leaders de KILLER BE KILLED. C'est parfois difficile à suivre, à savoir qui hurle, mais merde ce que c'est divertissant ! Ça virevolte dans tous les sens, l'expérience est archi intense, je vous préviens. Déjà que la prod' est au plancher, on tient entre nos oreilles un disque qui n'ennuie que très rarement.

Donc si on promène entre l'électricité de TDEP, le Metal "root" de Cavalera et les nuages multicolores de MASTODON, que vouloir de plus ? Tout est une question de goût. Je vois du 5/5, du 4/5 ou du 3/5 un peu partout depuis la sortie de l'album. Vraiment, KBK n'est pas le genre d'entité à faire l'unanimité pour plein de raisons évidentes. Peu de super groupes arrivent à râteler un large pan de l'auditoire métallique. Par contre, KBK offre une des fusions les plus intéressantes, rien à redire là-dessus. Les mordus des groupes cités plus haut se délecteront probablement, alors que les puristes crieront encore une fois au scandale en disant qu'on ne mélange pas les pommes et les oranges.

Pour ma part, je suis mitigé. J'adore l'énergie de KBK, mais je me sens parfois un peu perdu dans cet orage de flèches bigarrées. Certes, c'est un excellent défoulement, mais je ne peux dire que cet éponyme me passionne du début à la fin. J'aurais préféré une plus grande hétérogénéité de l'ensemble, même si le but d'un super groupe est que chacun des membres fasse oublier d'où il vient. Je veux dire que le résultat de cette rencontre au sommet ne réinvente quand même pas le Thrash moderne ni le Metal extrême un brin progressif, qui a déjà plusieurs années au compteur.

Alors, est-ce que le Metal de KILLER BE KILLED est unique ? Sans doute, mais il n'est pas exceptionnel. À se garder pour chasser une journée de merde.

Podium: (or) "I.E.D.", (argent) "Snakes Of Jehova", (bronze) "Dust Into Darkness".