Dans la lignée des chroniques d'albums surprises Death/Thrash sortis par des groupes américains ressuscités, voici "Omnipotent Convocation" du quatuor originaire de Fort Lauderdale, HELLWITCH. Des zicos qui n'avaient pas procréé depuis 1990, soit un sacré bout de temps ! Mais bon, ça ne m'étonne plus. Après AT WAR il y a quelques mois, les reliques qui s'actualisent défilent sur ma platine comme des boîtes de conserve sur une chaîne de montage. C'est la mode il faut croire… Après le Death Mélo qui s'oriente de plus en plus vers l'orchestral ou le Black fusionné avec le Prog, on ne sourcille même plus, n'est-ce pas ? A moins de ne pas avoir perdu son innocence toute juvénile…

Donc, oui, HELLWITCH. Les grattes sont féroces, nerveuses, stimulent les aigus et la fibre sensible du Thrasheur en nous. Tout comme cette voix dure et criarde (des tonnes de noms viennent en tête, non ?), qui nous renvoie dans les plus belles années du Thrash. En fait, le Thrash revit tellement ces jours-ci, surtout grâce à ces pépés qui traînent leur froc de partout, qu'on est en droit de se demander s'il est bien disparu… Ce n'est pas cette galette qui nous simplifiera la tâche, car elle catapulte une volée de purée bien pâteuse et vitaminée dont les enfants raffoleront avant d'aller pratiquer leur sport préféré. (hum, marketing douteux, quand tu me prends…)

Ce qui distingue HELLWITCH des autres combos jeans/t-shirt/baskets blanches, est cette technicité pimentant les structures. On considère les Américains comme des précurseurs dans le Thrash technique, eh bien laissez-moi vous dire que s'ils en font la démonstration sur "Omnipotent Convocation", ils ne l'ont pas mis en pratique souvent par le passé ! Mais bon, laissons les ruines où elles reposent et profitons du fructueux présent, car HELLWITCH a le manche sensible et en fait bon usage.

Des soli ("Opiatic Luminance", "Irreverent Salvation", "Sought To Beguile"), des atmosphères inquiétantes ("Neolithic Journey"), des riffs massifs au reverb vicieux ("Mysteria", "Vicious Avidity", "Irreverent Salvation"), des éboulements sans merci entrecoupés de plans archi fouillés ("Mythologicalies", "Days Of Nemesis") et un Patrick Ranieri qui se vide les tripes à qui mieux-mieux à travers cette salade old-school/technique. Et pour faire un petit clin d'œil aux débuts du genre, HELLWITCH reprend "Infernal Death" des pionniers DEATH (ouh, cette basse qui résonne !). Il a aussi remâché les quatre titres de son EP de 2005, "The Epitome Of Disgrace". Tout ça et même plus dans un condensé antéchrist à la violence omniprésente.

En bref, un SLAYER qui baise avec un ATHEIST, ça accouche d'une HELLWITCH. Une (re)naissance fort bien accueillie qui vrombit dans les enceintes avec ferveur. Ne crions toutefois pas au miracle, même si son irrévérence et son énergie sont irrésistibles. "Omnipotent Convocation" est un très bon album de Death/Thrash, probablement un des meilleurs comebacks de cette vieille année 2009. Une séance intense de labourage réalisée par des musiciens courageux et diablement talentueux. Vaut mieux tard que jamais, comme dirait l'autre.

Un gros 4 bien mérité qui a failli être frappé d'un damné 3,5. Mais c'est trop exquis et surprenant après une telle absence pour laisser le skeud entre deux chaises.