En matière de Hard Rock "à l'européenne", les jeunes pousses de qualité ne sont pas légion. Si le Glam ou le Sleaze ne connaissent pas de crise des vocations, les nouveaux BONFIRE, AXXIS ou SCORPIONS se font attendre. Ah, on me glisse dans l'oreillette qu'en ce qui concerne SCORPIONS, nous aurions un potentiel successeur. Venu lui aussi d'Allemagne, UNBREAKABLE est un jeune groupe qui semble vouer un culte à la formation qui a engendré quelques uns des meilleurs albums Hard Rock des années 70 et 80. Le quintet pousse l'hommage (ou le mimétisme) jusque dans l'utilisation de deux Flying V, célèbre modèle Gibson rendu célèbre par (entre autres) le guitariste fou Rudolf Schenker. Comme si cela ne suffisait pas, le groupe a choisi Herman Rarebell, batteur des Scorpions entre 1978 et 1996, pour se charger de la production de son premier opus. Le venin des arachnides a de toute évidence fait son oeuvre sur ces cinq jeunes pousses.

Enregistré dans les studios de Michael Voss (MAD MAX, CASANOVA), "Knockout" est un premier album rempli à ras-la-gueule d'un Hard Rock direct et compact, axé sur l'impact des riffs et la puissance des guitares. Déjà, le bât blesse. Car là où les SCORPIONS font preuve de subtilité et de nuances dans leurs compositions et leurs arrangements, les UNBREAKABLE foncent tête baissée, défonçant tout sur leur passage. La recette fonctionne ! Il n'y a qu'a, pour s'en convaincre, jeter une oreille sur le morceau-titre, "Knockout", d'une efficacité redoutable. Ce morceau, tout comme l'ensemble de l'album, se pose en référence directe à la période 1982-1984 de SCORPIONS, qui les a vu accoucher de deux piliers du Hard Rock, "Blackout" et "Love At First Sting". La meilleure, pour certains, le début de la fin pour d'autres. Les licks de guitare de ce titres, tout comme ceux du plus mélodique "Game Of Life", semblent comme calqués sur un "Coming Home" des familles, et compensent leur manque d'originalité par un sens inné de l'efficacité.

Le chanteur Al Crespo, dont la voix aiguë et aux intonations Pop peut rappeler un Justin Hawkins ("The DARKNESS"), s'en sort avec les honneurs malgré un accent anglais à couper au couteau. Mais il est évident que des morceaux tels que "Rock The Nightlife" ou "Bad Blood", dotés de riffs aux allures de rouleau compresseur, ne peuvent qu'attirer la sympathie et recueillir tous les suffrages. C'est lorsqu'il tente de se faire plus varié qu'UNBREAKABLE fait montre de quelques faiblesses. Les ballades, en particulier, semblent bâclées. "Come Back To Me" et "Dreamers", en particulier, ne dégagent aucune émotion, et peinent à soutenir l'intérêt de l'auditeur.

L'ensemble reste néanmoins sympathique, et fort prometteur. Engoncé, à l'étroit sous une influence qui semble paralyser quelque peu sa capacité à innover et proposer du neuf, UNBREAKABLE fait néanmoins montre d'un potentiel qui laisse entrevoir de belles choses. Le talent est là, c'est une évidence, et certains titres sont un pur bonheur. De quoi donner de l'espoir pour la suite des aventures de ce jeune groupe allemand qui, outre les fans de SCORPIONS, mérite l'attention de tous les amateurs d'un Hard Rock hédoniste et direct.