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2007 New Wave
2014 1 Transgender Dysphoria Blues
 

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AGAINST ME! - Transgender Dysphoria Blues (2014)
Par CANARD WC le 21 Avril 2014          Consultée 6362 fois

Des milliers de fois j’ai dû écouter "Ocean", le final de "New Wave", avec les paroles en tête… et des milliers de fois j’ai commis le même contresens.

Le problème avec les ricains, pour nous les gens de la « vieille Europe », est qu’on a tendance à oublier qu’ils ne versent pas – eux - si naturellement dans l’ironie et le second degré. Du coup, on a tendance à vouloir interpréter ce qu’ils disent, on cherche des métaphores là où il n’y en a pas. Aussi quand Tom désirait « femme et enfants » sur "Ocean", qu’il rêvait d’une maison et d’une vie « normale » ; j’y ai vu un choix au sens imagé, celui de l’artiste qui abandonne une vie « rangée » pour se consacrer à son art. En somme : choisir, c’est renoncer. Donc Tom renonçait à cette vie normale non sans amertume, Tom avait choisi AGAINST ME! pour s’accomplir. Alors "New Wave" s’éteignait sur cette grève grisâtre et cette phrase qui m’a hanté des milliers de fois : « There is an Ocean in my soul / Where the waters do not curve ». La métaphore était bouclée, en choisissant l’Art, la renonciation du reste avait rendu son âme impassible, un océan de calme, de triste sérénité où tout est égal par ailleurs.

Sauf que j’avais tout faux.

Quand Tom balance dans le deuxième d’"Ocean" : « If I could have chosen, I would have been born a woman / My mother once told me she would have named me Laura », en réalité il n’y pas d’ambiguïté. S’il avait pu choisir, Tom aurait voulu être Laura. Il est femme, née homme. Fallait pas chercher plus loin. Aussi la souffrance que j’avais ressenti portait sur un tout autre objet, celle de ne jamais s’être senti bien dans ses bottes, de porter depuis toujours une contradiction si fondamentale. Les carnets rose de la presse Rock nous ont appris que récemment Tom avait sauté le pas : il s’est fait opérer, s’appelle Laura et vous emmerde parce que dans le fond « we can't choose how we're made » (extrait du deuxième couplet de "Transgender Dysphoria Blues") alors matez autant que vous voulez cette transformation, AGAINST ME! continue de faire ce qu’il sait faire.

Alors tout au long de l’album, on écoute, on guette, on essaie de faire le point pour savoir si « c’est égal » que Tom fut Laura et qu’il chante presque pareil sur "Transgender". Certes, le timbre est un brin différent, mais pas tant que ça. Même personne, mais pas le même genre. Est-ce gênant ? Qu’est-ce que ça change dans le fond ? Je n’ai personnellement pas réussi à résoudre ce problème. J’ai essayé de faire abstraction et quelque chose d’indistincte m’a grattouillé dans le dos sans que j’arrive pour autant à mettre le doigt dessus. Alors l’album défile et la question reste en suspens.

Pendant que vous faîtes le point vous aussi, AGAINST ME! fera comme si de rien n’était et va continuer de balancer sa sauce Punk-Rock avec le même zèle, la même énergie. Alternant les registres, tour à tour « énervé » ("Drinking"), sérieux ("Obama Bin Laden") ou chargé d’émotions ("Two Coffins") ; on connaît la chanson comme on dit. Sauf qu’elle est irrésistible cette tambouille, encore une fois. "FuckMyLife666" est à elle seule un modèle du genre, de cet « art » si particulier à créer des passerelles si naturelles entre les genres. Parfait équilibre entre rythme et énergie, les lignes de chant dansent avec les couplets tandis que la mélodie électrique prend par la main aussi bien les Punks, que les Hardos ou les Rockers. Tout cela en moins de trois minutes, un tourbillon de bonheur durant lequel on oublie forcément cette histoire d’opération, les a priori et tout le reste. Mon tout se termine sur un "Black Me Out" un rien braillé, gentil vacarme rehaussé d’un riff courageux. Un hymne simple pour se quitter mais pas s’oublier de sitôt.


Moins éclatant que "New Wave", moins étonnant que "White Crosses" ; "Transgender" est un album de savoir-faire qui transpire d’expérience et de maîtrise. Parfaitement bien gaulé, résistant aux multi-écoutes et quasi-inusable ; il fait partie de ces skeuds qu’on prend plaisir à réécouter et ressortir à intervalles réguliers. Alors, franchement hein, homme ou femme, peu importe…


Note : 4/5


Morceaux préférés : "FuckMyLife666" et "Black Me Out"

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   CANARD WC

 
   ANIMA

 
   (2 chroniques)



- Laura Jane Grace (chant, basse)
- James Bowman (guitare, chœurs)
- Atom Willard (batterie)


1. Transgender Dysphoria Blues
2. True Trans Soul Rebel
3. Unconditional Love
4. Drinking With The Jocks
5. Osama Bin Laden As The Crucified Christ
6. Fuckmylife666
7. Dead Friend
8. Two Coffins
9. Paralytic States
10. Black Me Out



             



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