Je me demande pourquoi je m'obstine à désirer des choses que je sais impossibles. Est-ce du masochisme ? Du pur entêtement ? De l'espoir malsain ? Quand je me prends à écouter encore ENDSTILLE en 2013, probablement que ces trois réponses tiennent la route.

Car oui, faut être salement maso pour écouter du bourrinage pendant 40 minutes, avoir une tête de mule pour se lancer dans cette tempête de riffs sonnant comme un essaim d'abeilles emprisonné sous le tympan, et surtout, il faut croire au Père Noël pour espérer qu'ENDSTILLE changera un minimum sa formule pour être plus agréable à écouter. À l'époque de "Dominanz", c'était très bon, mais près de dix ans plus tard, seuls les fans finis de cette sauce conventionnelle et trop chargée en matières grasses se délectent. Alors voilà, "Kapitulation 2013" n'étale pas de nouvelles sucreries et répète le coup d'épée dans l'eau qu'avait été "Infektion 1813".

ENDSTILLE frappe dur et vite, c'est connu. Mon fils de trois ans dirait qu'il est méchant, juste à l'entendre gueuler, vomir ses tripes de colère, en éructant ses couplets sur la guerre. Une vraie machine à déflagrations épileptiques, une mitrailleuse déréglée à la constance métronomique ; vous pesez sur "taper" et le quintette s'emballe en ne réinventant absolument rien. Des germes avaient pourtant poussé sur "Verführer", mais depuis, les Allemands font du surplace.

Les bons coups : on remarquera au beau milieu de l'album le cover de SODOM, "Blasphemer", le meilleur riff dont nous gratifie ENDSTILLE. Un peu ironique quand même. Ah mais oui, j'oubliais, il y a aussi "The Refined Nation" et son inquiétante « mélodie » qui peut nous foutre les jetons à l'occasion. Et, si j'étire l'élastique de la bonté au maximum, je peux avouer que "Reich An Jugend" et "Stalin Note" ne sont pas si mauvaises. Là s'arrêtent les réjouissances. Branlage de manche, tapotage infernal, hurlements… Même si ENDSTILLE essaie de se la jouer occulte avec quelques chœurs, faut pas se faire duper par plus pachydermique que soi.

"Kapitulation 2013" ne devrait plaire qu'aux néophytes ou aux hardis fans du groupe, je persiste et signe. Le reste, donc la majorité des auditeurs potentiels, risque de s'ennuyer un peu devant autant de redites. Mais, et les nostalgiques aimeront, il est quand même « réconfortant » de savoir qu'en 2014, on peut se farcir du bon vieux Black haute vitesse qui empeste la chair à canon. Du bon Black mainstream de la Forêt Noire, dont je préfère le Black Mélo/Atmo depuis belle lurette, car plus mirifique et passionnant. Il est utile de savoir que quelque part sur cette saloperie de Terre des formations poursuivent une recherche de brutalité et de vitesse pour notre plaisir d'échapper à nos tourments. Comme si c'était brillant de fuir ses démons en en accueillant d'autres…

La première fois que j'ai vu ce titre, "Kapitulation 2013", j'étais certain que le groupe se séparait. Après avoir douloureusement passé à travers, je peux dire qu'ENDSTILLE est mûr pour une pause indéfinie.

Quant à moi, je fais le serment de ne plus écouter une seule note de ce groupe… à moins que les critiques de son prochain skeud soient dithyrambiques. Et pour ça, il faudrait que je sois ultra masochiste et entêté pour y croire.

Note: 1,5/5.