Les adorateurs du maître CELTIC FROST ne pouvaient décemment pas ignorer le terrible NECROS CHRISTOS. En effet ce dernier possède le même sens inné du riff occulte, rampant et acéré que notre éminent ancêtre des Death et Black Metal. On retrouve donc ici des ambiances sépulcrales et une noirceur de tous les instants qui semble émaner des tréfonds d’un tombeau insondable. Précisons également qu’une interprétation sans faille et qu’une science de la composition imparable font du groupe un incontournable de ce style méphitique. Si le combo puise en grande partie son inspiration de ses ainés des années 90 et notamment d’une frange du Death Metal lourd des origines (les premiers AUTOPSY, ACHERON ou ASPHYX par exemple), il parvient à faire valoir une personnalité hors du commun et un savoir-faire étonnant.

Les Allemands avaient sérieusement traumatisé les auditeurs avec la messe noire hypnotique que constituait "Triune Impurity Rites". Nos auteurs ont pris leur temps pour fomenter ce second méfait en forme de suite logique à la construction quasi identique, mais contenant des compos plus variées et toujours cuisinées aux petits oignons. Nous constatons immédiatement que l’opus possède un son beaucoup plus clair et précis que son prédécesseur, tout en conservant ce grain caractéristique et cette puissance de feu qui ressusciterait ipso facto n’importe quel cadavre putride.

En outre, nous abandonnons l’église de SATAN pour plonger principalement dans les abîmes maudits de l’antiquité pharaonique, ses horreurs cyclopéennes et ses panthéons innommables. Quel choix pertinent. Si bon nombre de formations utilisent ce thème, avouons que celui-ci sied comme un gant à nos Berlinois. Comment ne pas y ressentir l’influence du génial LOVECRAFT et notamment de l’un de ses meilleurs récits : " Prisonnier Des Pharaons" (1924). "Doom Of The Occult" en est l’essence même et l’auditeur abandonné aux ténèbres mouvantes, devient malgré lui le réceptacle visqueux de cultes terrifiants.

Le chant travaillé, grave, râpeux et torturé de Mors Dalos Ra, principal compositeur, représente un atout non négligeable. Au point que certains tics vocaux et autres enchaînements textuels déconcertants de fluidité, deviennent rapidement jouissifs. En franchissant les portes sombres de ce temple immémorial, on se rend compte que tous les titres et interludes participent intensément au concept abordé. L’unicité de l’œuvre est donc phénoménale et son pouvoir évocateur impressionnant. On remarque bien entendu que les instrumentaux de transition ont été sérieusement peaufinés. Les déclamations malsaines se sont effacées, nous alternons maintenant entre des morceaux de guitares acoustiques, des luths nommés Târ et Setâr, puis des percussions et flûtes orientales de qualité comme dans l’envoûtant "Gate II Sugvari" de la série des "Gate", ou encore des pièces d’orgues funestes appelées "Temple".

Le collectif se révèle implacable et ses riffs énormes et grésillants sont tous plus inspirés et tranchants les uns que les autres. Citons en particulier les fédérateurs et redoutables "Baal Of Ekron", "Hathor Of Dendera" ou "Necromantique Nun", le Doom Death fameux et terrassant de "Doom Of Kali Ma", l’inquiétant "Invoked from Carrion Slumber", enfin le mystique et irrésistible "Descending Into The Kingly Tomba". Signalons en sus de nombreux soli très à propos qui lacèrent les morceaux en y apportant une touche mélodique supplémentaire et hautement sulfureuse.

À mille lieux des nouveaux chantres du Death brutal ou des productions huilées du Techno-Death, l’orfèvre NECROS CHRISTOS a ciselé une œuvre mortuaire provenant des racines du genre. Il vous faut à présent pénétrer au cœur de sa sépulture, entrouvrir son sarcophage millénaire et vous délecter de ses miasmes infâmes. Mais prenez garde, votre KA immatériel pourra alors être emporté de force par les goules d’ANUBIS, et dans un maelström infernal, projeté vers des gouffres impies de l’espace et du temps.