Toutes les horreurs liées aux errements de la condition humaine semblent être retranscrites dans l’œuvre des Espagnols. La mort dans ce qu’elle possède de plus terrifiant, le devenir atroce des âmes dans un au-delà cataclysmique et puis en fin de compte, l’avènement des croyances les plus impies après la destruction des religions conventionnelles. TEITANBLOOD est apocalyptique sur le fond et sur la forme, et en cela il devient rapidement fascinant pour l’auditeur friand d’une rencontre en tête à tête avec la fin des temps. D’une intensité comparable à certains combos sophistiqués où plus propres sur eux, aussi redoutable qu’un WRATHPRAYER mais bien plus barbare dans le rendu final que tous ses talentueux voisins de palier. Voilà le facteur qui pourra rebuter où au contraire rallier un grand nombre.

Une caverne cyclopéenne recouverte d’immondices nous accueille, des miasmes putrides nous torturent les sens, alors que des hurlements gutturaux et aliénant se répercutent à l’infini contre les parois noires et visqueuses de l’antre. L’attaque est frontale et nous constatons que l'amélioration de l'enregistrement est notable comparé aux travaux antérieurs. Un détail qui a son importance ici puisque les circonvolutions des musiciens en deviennent bien plus lisibles, en lieu et place notamment d’un bourdonnement sourd et permanent des guitares. Signalons également l’utilisation d’une science des arrangements subtils dont l’impact ne nous apparaîtra pas immédiatement. Les vocaux et leurs réverbérations sont de surcroît plus en retrait, par ailleurs tous les éléments constitutifs du son de la formation ont donc été réajustés pour un résultat plus efficace.

Surtout, un effort certain a été entrepris dans le domaine de l’écriture, puisque les compositions sont soignées et pensées avec minutie. Celles-ci se trouvent gorgées de rebondissements cauchemardesques et autres breaks fracassants aux fins de maintenir une tension immersive au pouvoir phénoménal. Il y a dans ce jusqu’au-boutisme satanique et blasphématoire, une vision désespérée de l’humanité, de ses peurs et de son incapacité à contrôler son destin funeste. Cette véritable expédition punitive contre la race humaine dégénérée captive autant qu’elle fait tressaillir.

Parfois, la machine déjà poussée à fond de cale semble en apparence perdre tout contrôle et aller au-delà du possible. L’effet est saisissant comme lors de l’accélération purgatoire de "Cadaver Synod". Cet élément n’est pas nouveau dans la musique du groupe mais sa mise en œuvre fonctionne toujours à merveille. Mis à part l’ouverture "Anteinfierno" à la célérité ultra brutale, les auteurs affectionnent en général les longues plages changeantes et mouvantes. Citons "Sleeping Throats Of The Antichrist" dont la malveillance latente atteint des sommets anxiogènes, cependant ne vous détrompez pas, l’unicité de l’œuvre devient une force implacable à la qualité constante.

TEITANBLOOD fait partie du troupeau infâme des derniers rejetons subversifs en date, saluons son audace et sa capacité à engendrer des ténèbres aussi dévastatrices que sa domination sur un genre abrupte et risqué. "Death" où l’ultime bastion d’un Death Metal bestial véritablement morbide et hautement hypnotique.