Ce légendaire Live constitue à lui seul deux points départs décisifs dans l’histoire du Metal extrême. Il s’agit d'abord de la première vraie production du groupe VULCANO, première troupe de Metal extrême d’Amérique du Sud, promis à une solide et prolifique carrière ainsi qu’à une renommée internationale dans le milieu sous-terrain. Dans un temps second mais amplement plus décisif, le prophétique "Live!" de VULCANO marque l’explosion de la scène Black/Thrash/Death sud-américaine, soit la plus grande et la plus forte concentration de groupes extrêmes à voir le jour durant les années 80 (en parallèle avec l’école allemande, aux déterminations moins politiques). Si c’est l’histoire qui nous dit aujourd’hui que cette galette est le premier d’une longue et riche série d’albums plus intenses les uns les autres ("I.N.R.I", "Campo de Exterminio", "Bestial Devastation", "Rotten Church"), il est extrêmement intéressant de noter que c’est avant tout les conditions d’enregistrements et le contenu musical de l’album qui en font une piste de décollage solide pour la génération future.

Des conditions d’enregistrement : d’un point de vue global et historique, si VULCANO est allé directement vers le live sans passer par la case album studio (et sans empocher 20 000 pesos), c’est parce que le groupe aura cherché pendant plus de 2 ans un promoteur assez couillu pour faire monter sur scène un groupe musicalement extrême, politiquement incorrect et religieusement blasphémateur. Cette recherche fut bien sûr infructueuse et le leader du groupe décidera donc que si le Brésil refuse de voire un live de VULCANO, il sera forcé de l’entendre. Le groupe organisera donc lui-même un concert qu’il sortira ensuite en vinyle, dont le peu de publicité attirera plus d’un millier de spectateurs ! En 1985, aucun groupe de Black/Death Metal n’est capable de ramener autant de fidèles à un concert auto-produit, prouvant que le Brésil plus que n’importe quel pays est favorable à l’éclosion d’une scène musicale extrême et rebelle.

Du contenu de l’album ensuite, car la musique présente sur ce live porte tous les stigmates du son si particulier de la scène brésilienne. Des compositions assez courtes basés sur la vitesse et la fureur ("Witches Sabbath", "Devil On My Roof"…), à l’énergie Punk, font places à de longs morceaux mid-tempo, calqués sur une lourdeur étouffante et des ambiances sataniques ("Fallen Angel", "Legiões Satânicas"…), à l’esthétique très Black Metal donc. Si on retrouvera en effet cette dualité sur la plupart des albums brésiliens de cette époque (l’enchaînement "Desecration Of Virgins"/"Nightmare" de SARCOFAGO en est un inoubliable exemple), c’est dans les caractéristiques sonores même de l’œuvre, que le son authentique (pas d’overdubs après l’enregistrement) nous permet de constater d’une très juste façon, qu'on peut deviner, l'influence de VULCANO sur ses contemporains. Les lignes de guitares fuzzy et vicieuses, même si on est loin du vacarme des groupes colombiens, se superposent à une basse vrombissante et omniprésente. La chaleur du son sud-américain est indéniable mais la grande particularité de VULCANO se personnifie dans son chanteur, Angel de son surnom, qui offre un chant d’outre-tombe grassement démoniaque, et dont le timbre et l’intensité s’accordent parfaitement avec les propos antireligieux qu’il scande. Difficile de ne pas sentir et de ne pas comprendre sur cet enregistrement toute la fascination que le géant VULCANO pouvait exercer sur des foules de jeunes, répondant comme des soldats à l'appel aux armes que lance le légendaire combo.

On a souvent dit, et à juste titre, que cet album était destiné principalement aux fans du groupes. Si sa valeur est principalement historique, il ne faut pas mésestimer la force et la présence scénique de VULCANO sur ce disque. La prestation est intense et le son la retranscrit d’une excellente façon (et dans la mesure du possible), les titres joués sont exclusifs à cet album, ne seront donc jamais réenregistrés en studio (une assez pauvre version démo de 1984 existe en bonus de la réédition de "Anthropophagy"), et constituent la genèse concrète du Black/Thrash/Death sud-américain. Ce "Live!" reste cependant une production mineure face à l’éclatant monument Metal que sera "Bloody Vengeance", le premier album studio de VULCANO, mais il s'impose à nous comme un intriguant document, témoin d'une scène et d'un pays en ébullition.