Pétard, que le glorieux passé de TNT semble bien loin derrière, à jamais englouti dans quelque fjord norvégien... Il faut bien le dire, depuis le départ de son chanteur emblématique Tony Harnell, le groupe scandinave n'est plus que l'ombre de lui-même. Non pas que son remplaçant, Tony Mills, soit mauvais pour le job. Vocaliste honnête bien que monocorde, le bonhomme n'est pas à blâmer pour la chute constante et visiblement inéluctable du groupe depuis l'excellent "My Religion" (2004). Les racines du mal sont plus profondes, et bien plus graves. Depuis le déjà moyen "All The Way To The Sun", TNT semble incapable de pondre un riff incisif, un morceau construit et efficace, tout simplement.

Après avoir touché le fond avec l'indigent "Atlantis", le groupe permet ici à ses fans de reprendre espoir, l'album se voulant bien plus rock et tranchant que son prédécesseur. Reste que tous les morceaux qui composent ce "Farewell To Arms" ne constituent rien d'autre qu'un patchwork sans queue ni tête, donnant l'impression d'avoir été assemblé à la va-vite et au final totalement indigeste ! Alors que le Hard Rock mélodique se veut un genre (comme son nom l'indique) axé sur la pertinence et l'efficacité des mélodies, TNT ne fait qu'aligner des plans tantôt incongrus, le plus souvent désagréables voire ridicules, à l'image de l'exécrable "Refugee", à l'écoute duquel il est difficile de réprimer un fou rire ! Il semblerait que désormais, ce soient les enfants des membres du groupe qui sont en charge de la composition, tant ces titres sont d'une affligeante médiocrité ! Le groupe colle ci et là des plans sortis de quelque vieille boîte estampillée "Hard Rock de série Z" et les assemble, essayant tant bien que mal de leur donner la forme de chansons... Désolé, mais même en Norvège, il est plus probable que cet album serve à caler un meuble bancal... Que ce soit à travers la présence de soli totalement incongrus et hors de propos ("Engine", "Ship In The Night"), d'une absence totale de mélodies, privant l'auditeur de tout rocher auquel s'accrocher ("Take It Like A Man - Woman !", "Come" et son refrain indigent...), TNT ne fait qu'accumuler les zéros pointés. Alors oui, ça bastonne sec, et les guitares de Ronni Le Tekro n'hésitent pas à faire parler la poudre, ce qui devrait peut être réussir à tromper les amateurs les plus extrémistes du combo.
Même les ambiances plus pop distillées sur les précédents albums du groupe, et qui auraient pu être utilisées de manière intelligente, pouvant apporter une originalité bienvenue, se voient transformées en bouses sans nom, à l'image de l'horrible "Someone Else" qui précède la ballade la plus ridiculement clichée de ce début de décennie, "God Natt, Marie". A mi-chemin entre berceuse et chant de Noël, ce morceau finit d'achever l'auditeur, qui, au choix :
- S'écroule de rire et fait tourner l'album en soirée entre deux Patrick Sébastien (s'il n'est pas fan)
- Se prépare à s'ouvrir les veines ou à se pendre (s'il est amateur du groupe).

Seul le titre éponyme, "A Farewell To Arms", permet à l'album d'obtenir cette note surévaluée. Riff d'enfer sur un tempo enlevé, couplet ultra-efficace, refrain inspiré, voici un morceau qui fleure bon les années 80 et s'impose comme une réussite, malgré le ton monocorde de Tony Mills et un solo une nouvelle fois totalement à côté de la plaque et donnant l'impression d'avoir été greffé au morceau sans prendre soin de réfléchir à son incongruité... En tout cas, de quoi regretter encore plus que le reste de l'opus ne soit qu'indigence et déception. Peut-être serait-il temps que TNT potasse à nouveau son "Hard Rock pour les Nuls", en espérant que le groupe parvienne enfin à sortir la tête de la bouse dans laquelle il semble enfoncé jusqu'au cou... À éviter à tout prix.