Je vous avoue que certaines écoutes s’apparentent à de véritables parcours du combattant. Vous me direz qu’il faut bien à un moment donné savoir distinguer le bon grain de l’ivraie pour la gloire du metal, et vous aurez raison bande de flemmards. Il est vrai que la discographie d’ON THORNS I LAY n’est pas la plus excitante qui soit. Les Grecs ont clopiné pendant des années, de sorties hasardeuses en pompages éhontés. Donc après l’embarrassant "Orama" qui lorgnait principalement du côté du grand SEPTIC FLESH, "Crystal Tears" grille les étapes et vient sucer la moelle de THEATRE OF TRAGEDY période "Aegis" (1998). Pour ceux qui ne suivent pas, on passe sans avertissement préalable d’un Doom/Death Atmosphérique ennuyeux à un Metal Gothique éthéré et soporifique. Vous noterez que le niveau atteint ici reste très en deçà des prouesses de son glorieux grand frère.

Sérieusement, tout cela aurait pu éveiller un certain intérêt si le résultat n’avait pas été aussi scandaleux.
La nouvelle chanteuse Marcela, qui évoque on s’en serait douté l’incontournable Liv Kristine, est beaucoup plus convaincante que ses anciennes consœurs. Pourtant cette dernière roucoule dans le vide intergalactique sans grande conviction. Le chétif Stefanos quant à lui, se contente de singer mollement et sans finesse les vocaux de Raymond Rohonyi. Oui les ingrédients semblent être là, mais la sauce ne prendra pas. Du moins pas avec ces compositions dont nous guettons les moindres soubresauts d’inspiration. Mon dieu, ces titres ne décollent jamais et s’enlisent de leur propre chef dans le fumier le plus visqueux. Voix angéliques et jérémiades, piano triste et autres violonades n’y feront rien, la platitude musicale laisse pantois. N’est pas THEATRE OF TRAGEDY qui veut, on le savait non mais sans déconner.

Reconnaissons que le titre éponyme se trouve doté de riffs sympathiques et d’un violon plutôt addictif. Malheureusement, il semble que le groupe ait utilisé presque toutes ses facultés dans ce premier morceau. Une honte je vous dis. Nous découvrons ensuite des riffs qui sont pour la majorité plus inintéressants les uns que les autres. Leur pauvreté affligeante annihilera la volonté des plus endurcis. "Enigma" par exemple atteindra des sommets de niaiserie grâce notamment aux miaulements de Marcela lors du refrain composé de "nananana" répétés à l’envie. Au secours Seigneur, ayez pitié de nous.
Sur "Midnight Falling", notre bien-aimé Stefanos déclame comme un Peter Steele grabataire,... Andrew Eldritch des SISTERS OF MERCY doit en bouffer ses sunglasses argentées. Nous dirons que les deux derniers morceaux remontent d’un poil le niveau de l’ensemble qui demeure souvent fade et poussif. "All Is Silent" possède une ambiance aboutie malgré de nouveaux "nanana" récurrents mais plus digestes sur le refrain et "Feelings" se révèle assez réussi surtout dans sa seconde partie où piano et orgue funèbre se côtoient avec un bonheur tardif.
Vous vous doutez que nous tirons sur les draps et que ces maigres reliefs ne seront pas satisfaisants.

Tout aussi dispensable que l’opus précédent, ce "Crystal Tears" est mort et enterré depuis des lustres. Refermons méthodiquement le couvercle de son tombeau poussiéreux.