La polémique entourant chaque nouvel album d'AC/DC a cours depuis longtemps, très longtemps. À partir du moment où un groupe connaît un succès massif, il passe pour un « vendu » auprès de certains fans des débuts. L'album qui a fait accéder AC/DC au rang de combo de tout premier plan est "Highway To Hell", premier LP d'AC/DC à s'être classé dans le Top 100 US. La collaboration avec Mutt Lange, si elle a permis aux Australiens d'accéder à une dimension supérieure, a aussi été critiquée, certains reprochant au producteur d'avoir « aseptisé » le gros son assédéssien. "Back In Black" est le dernier album à avoir fait la quasi-unanimité (certains fanatiques, certes minoritaires, de Bon Scott ne supportaient déjà pas son remplaçant). Après "Back In Black", chaque nouveau disque a suscité des controverses, même "Blow Up..." et "The Razor's Edge". J'ai bonne mémoire.
J'adore AC/DC, viscéralement. Surtout la période Bon Scott. J'aime aussi la période Brian. Jusqu'à "Razor...". Je n'ai plus éprouvé le besoin d'acheter de nouvel album du groupe depuis "Stiff Upper Lip". Je m'étais débarrassé du précédent, "Ballbreaker", ni mauvais ni honteux mais pas indispensable... J'ai écouté "Black Ice" en ligne et estimé qu'il n'apportait rien à la gloire du groupe. De "Rock Or Bust", je me suis contenté de regarder les clips.
Dans un premier temps, la sortie de "Power Up", pour l'instant uniquement écouté en ligne, m'a sincèrement fait plaisir, tant en raison du contexte global que des épreuves traversées par le groupe ces dernières années. La plupart des titres s'écoutent sans problème et n'ont rien de honteux. J'avais même prévu d'acheter le CD, ce qui aurait constitué une première depuis vingt ans... L'ennui, c'est qu'après avoir écouté ces nouvelles compos trois ou quatre fois, j'ai réalisé que je n'avais pas envie d'y revenir.
Pour moi, AC/DC est directement associé à la flamme de la jeunesse (leur jeunesse, ma jeunesse). Lorsque j'écoutais un morceau du groupe, j'étais scotché par l'intensité qui s'en dégageait. Intensité, électricité, adrénaline. Puissance ! Tout était bon, les riffs, les solos, la rythmique, les couplets, les refrains.
Les titres des albums décrivaient exactement leur contenu : "High Voltage", "TNT", "Powerage" ! AC/DC ne composait pas de simples chansons mais des HYMNES ! Cette capacité à pondre des bombes est hélas limitée dans le temps, R. Blackmore estimait que chaque musicien de Rock dispose d'une réserve d'une quarantaine de titres vraiment imparables. Elle repose surtout sur une conjonction éphémère de facteurs relevant du miracle : jeunesse, fraîcheur, spontanéité, inspiration... Tout cela en même temps ! Magie ! Cette règle ne s'applique pas forcément à des styles musicaux plus « cérébraux » (Classique, Jazz) mais le Hard Rock basique, art de transcender des ingrédients très simples, voire simplistes, fonctionne ainsi. On peut difficilement espérer cela d'un groupe existant depuis plus de quarante ans et constitué de survivants aux organismes forcément fragilisés par une vie entière de tournées et d'excès en tous genres. Une fois ce constat effectué et intégré, les choses sont plus claires. Plutôt que d'espérer un miracle qui n'aura pas lieu, on peut toujours se repasser les vieux albums qui n'ont pas pris une ride. Et qui procurent le même plaisir que celui ressenti il y a trente ou quarante ans, à condition d'être dans l'état d'esprit adéquat...