HALFORD est de retour après deux opus fort réussis (surtout "Resurrection" qui marquait son retour dans le giron Heavy Metal auquel il est intimement lié) et nous sort un opus qu’on n’attend pas tellement, vu la baffe constituée par le "Nostradamus" du Priest et la médiocrité des chants de noël version Metal God.

Et Rob revient à ce qu’il sait (bien) faire : du Heavy Metal pur jus. Pas de fioritures ici, ni de claviers, ni de chœurs grandiloquents. Guitares – basse – batterie et c’est marre. Le côté roots de cet album a donc d’emblée une saveur assez authentique empreinte d’un fondamentalisme certain. Rob a beaucoup écrit (seul pour la plus grande partie des titres de l’album) et ce sont pas moins de quatorze titres « faits de Metal » qui nous sont ici servis.

Si c’est un grand plaisir d’écouter encore et toujours l’interprète de grand talent qu’il est, Rob Halford montre ici qu’il a parfaitement compris que sa voix avait vieilli et que les performances à la "Freewheel Burning" ne seront bientôt qu’un lointain souvenir et qu’il ne peut plus compter sur ces aigus perçants et légendaires qui ont fait une partie de sa réputation. Et pour cela, "Made Of Metal" est une franche réussite, car sans faire de grandes acrobaties vocales, le timbre est là, la force et la conviction aussi, et si le Metal God ne monte dans les tours qu’à de rares occasions ("The Mower", clairement faite pour les adorateurs de "Painkiller" ou "Like There’s No Tomorrow") il nous enchante, relevant le niveau de compos plutôt moyennes.

Il faut en effet extraire un tiers de "Made Of Metal" pour faire un bon album de Heavy. L’ouverture "Undisputed", le speed "Fire And Ice", l’épique "Like There’s No Tomorrow" et la power-ballad "Twenty-Five Years", sans être exceptionnels, s’écoutent très bien et les mélodies, pas toujours originales (mais si on veut de l’original on n’écoute pas HALFORD hein ?) se retiennent et donnent envie d’accompagner en chœur Rob le Grand dans sa soutane de cuir et de clous, là où auparavant il nous aurait sans doute filé la trique et donné envie de lever le poing en l’air (ce qui dans ce genre de situation peut très souvent aller ensemble). Il s’avère assez touchant sur les quelques textes sensés (1) qu’il nous délivre ("Like There’s No Tomorrow", "Twenty-Five Years") et donne encore plus de corps à son interprétation qui atteint des sommets. En somme, Rob n’est pas loin de la date de péremption mais a encore quelques cartouches à tirer pour nos âmes osant blasphémer sur l’une des plus grandes icônes du Heavy.

Toujours est-il que "Made Of Metal" dispose d’un capital sympathie énorme qui ne permet pourtant pas d’occulter la faiblesse et les automatismes stylistiques dans lesquels les musiciens se vautrent un peu trop souvent. Toute la valeur de cet opus repose sur les épaules du Metal God qui, lui, parvient à nous combler dans un poste de voiture en musique d’autoroute (malgré la prédominance du mid-tempo) et plus rarement à saisir tous nos sens lors de rares moments non pas de magie mais de communion metallique.

(1) Point de grande littérature non plus ; les textes, ancrés dans les thématiques du style volent au ras des pâquerettes.