Fan des derniers ANATHEMA (à partir de "Judgement"),
Toi qui est encore plus triste que d’habitude et dont l’étincelle de vie t’échappe,
Sache qu’un comprimé par jour - connu sous le nom de "Leaving Eden" - abrègera tes souffrances…

Les ingrédients de "Planety Confinement" - son prédécesseur sorti à peine un an plus tôt - se voient agrémenter d’un poil de peps plus flamboyants… mwouais, disons plutôt que cet album-ci élargit quelque peu ses horizons mélancoliques. Bien sûr, cela demeurera amèrement dépressif mais avec un « je-ne-sais-quoi » de moins puissant… même si nous aurons également la possibilité de prendre parfois le temps d’une réflexion, d’un sentiment non perçu, d’une blessure laissée à l’abandon…

Le départ de Duncan n’y est pas étranger, m’est avis. Du coup, restant dans les mêmes racines historico-atmosphériques, un invité de marque gratouillera joyeusement avec la bande : un certain Cavanagh, Danny de son prénom…

Ça lorgne vers le grand PINK FLOYD - sans en voler quoi que ce soit - pour ses envolées planantes et son minimalisme efficace dans le jeu des grattes acoustiques. Les instruments électriques ne seront pas en reste mais donneront de la voix avec parcimonie et justesse dans le ton. Point de technique à outrance mais bien une mise en avant d’un label estampillé de qualité dont l’introspection semble en être la clé ! En fait, Mick Moss déploie son contingent émotif à fleur de peau en magnifiant la pensée humaine. Celle-ci restant l’une des pires dans l’effroi mais également une des plus belles dans la création… ANTIMATTER va, paradoxalement à son patronyme et aux sentiments qu’il véhicule, étendre son savoir-faire sur son quatrième album.

Les claviers apportent également leur lot d’émotions dont la force n’est autre que la beauté : qu’elle soit déchue ou magnifiée, cette beauté embaume cet Eden délaissé, en partance, en friche. Oui, le manque est là…

Mais, au-delà de l’apparente simplicité de ces chansons, ANTIMATTER puise une force colossale pour s’arracher de cette Mort qui ne se lasse pas de nous guetter encore et toujours. Elle sait attendre… Eh bien, nous aussi ! En appréciant ce petit coin de Paradis sonore où, il est vrai, que le pessimisme fait office de loi, il n’empêche qu’écouter attentivement "Leaving Eden" nous remplira de plénitude et sa mélancolie maladive nous apaisera le temps de laisser filer lentement les neuf titres (dont deux instrumentales qui contredisent le fait que c’est la voix qui fait tout !).

N’oublions pas les apparitions furtives mais ô combien salvatrices du touché "violonesque" de Rachel Brewster. Une fois de plus, c’est fort, c’est puissamment émotionnel, c’est beau. Sur le "stickers", vous apprendrez - si ce n’est déjà fait - que "ANTIMATTER est le groupe le plus triste au monde"… Ne vous avais-je point déjà dit que la musique triste est la plus jolie, la plus volontaire, la plus libératrice qui soit, à chaque fois que je le puis ?
Calme, débordant de sentiments - avec toutefois plus de discrétion retenue que d’épanchement exacerbé de pleurs théâtraux - "Leaving Eden" est le digne successeur de "Planety Confinement". Seulement voilà, l'un est arrivé avant l'autre…

P.S. : Je mets de côté volontairement les deux premiers albums car, à mes yeux tristes et humides, ils sont trop différents de ces derniers : plus électroniques qu’acoustiques avec des accents de Trip-Hop mélangés aux confins du Gothique.