Connaissez-vous ce groupe ? Désireriez-vous savoir pourquoi quelques-uns d’entre nous divinisent YEARNING (nous sommes pourtant bien trop peu nombreux hélas) ? Ne souhaitez-vous pas connaître ce qui nous autres brutes épaisses aux aspérités funestes et déplorables, aux immémoriales pensées léthargiques et annihilantes, nous fait chavirer à l’écoute de YEARNING ? Avez-vous entendu une fois dans votre vie "Autumn" et sa somptueuse seconde partie qui surgit vers 2:45 ? Dites-moi oui je vous en prie, dites-le !! N’avez-vous pas vu et ressenti alors une torpeur extrême fondre en vous ? N’avez-vous pas entendu l’appel de l’invisible vous chuchoter votre douleur lorsque vous vous surpreniez à fermer les yeux pour écouter votre âme ? N’avez-vous pas senti la plénitude d’un soleil noir vous darder de ses derniers rayons lorsque "Bleak" apparu ou bien encore l’irruption de l’amertume, des illusions perdues avec "Elegy Of Blood" ?

YEARNING est un rêve éveillé, un de ces rêves d’ivoire, Nervalien qui demande une écoute délicate pour faire muer les douleurs muettes et insondables en tableaux de beauté, en paysages d’harmonie et de sérénité. "Le Rêve est une seconde vie (…). C’est un souterrain vague qui s’éclaire peu à peu, et où se dégagent de l’ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes" (1). Jamais nous ne trouverons la paix dans cette vie toutefois nous concèderons qu’elle nous apportera l’amour, parfois veul, parfois intact mais aussi des sentiments plus ou moins vils des êtres, des choses et des choses des êtres. Juhani Palomäki nous partage son sentiment dans les mélodies qu’il crée toutes graciles et empreintes de nostalgie et de désarroi. Son comparse est doué d’un jeu admirable qui accompagne avec justesse les magnifiques riffs.

Triste comme un été qui meurt, funèbre comme un soleil qui chancelle, YEARNING n’est plus, la faute à ce maître d’œuvre, ce surdoué qu’est Juhani Palomäki, qui a coupé les rênes de sa vie pour laisser sa propre embarcation dériver vers l’infini qu’il mérite. Seras-tu oublié ? N’y compte même pas, car certains dans ce bas-monde perpétueront ton souvenir et célèbreront ton génie et j’en fais partie. Cet album est prodigieux, je te remercie de nous l’avoir laissé. Je t’en reparlerais tantôt et aussi celui de "Evershade", mon préféré, mon sensationnel, mon ultime. De là-bas où tu es, et partout où tu te trouves, nous t’aimons.

(1) Gérard de Nerval – " Aurélia ou le Rêve et la Vie" - 1855