Se reformer sans se réformer, ce pourrait être le slogan de campagne de YOB. Trois ans après l’infructueuse tentative de lancer une nouvelle aventure avec MIDDIAN, Mike Scheidt revient avec un YOB 2.0, et accompagné d’un nouveau bassiste, Aaron Reiseberg, succédant au regretté Isamu Sato. Pas de prise de risque toutefois : la nécessité est de repartir des fondamentaux tout en s’efforçant de faire un bond en avant. Comment Mike Scheidt et YOB ont-ils géré ce tournant décisif dans "The Great Cessation" ?

Pour se faire une idée, c’est bien simple : il suffit de pencher ses esgourdes sur le premier titre de l’opus, "Burning the Altar". On a d’ores et déjà affaire à une pièce-maitresse Doom-Death. Tout au long du morceau, vous serez écrasés par les riffs entêtants, tandis que la voix de Mike Scheidt vous terrassera de sa puissance évocatrice. "Burning The Altar", ce sont des préliminaires… avec un pachyderme de 120 tonnes ! Naturellement jouissif. "The Lie That Is Sin" début dans un Drone évoquant UFOMAMMUT. Mais le break surprenant à 2’10, des plus minimalistes, laisse place à un passage entraînant et tribal, puis… un déchaînement de puissance vient vous retourner complètement. Mike nous fait alors voyager dans un passé pas si lointain, avec son chant Heavy qu’il alterne remarquablement avec son growl de psychopathe, ainsi qu’avec des passages plus calmes, où sa voix semble provenir du lointain. Le morceau est construit sur l’alternance de ces passage contrastés. L’ultime stade du Sludge.
24 minutes après le début de l’album, deux titres sont passés et il ne fait plus de doute que la reformation de YOB en 2008 fait partie des meilleurs choses qui soient arrivées au Doom, au Sludge, au Stoner… Bref, au Metal.
Car avec "Silence Of Heaver", YOB nous balade dans des affres plus profondes et plus angoissantes encore, avec un Doom-Death ralenti au possible, dans une démarche presque exploratoire, sondant les tréfonds de notre âme (à la haveuse, naturellement). Le Sludge refait son apparition sur "Breathing From The Shallows" : écoutez simplement le morceau et penchez-vous notamment sur son final. En concert, à trois mètres de Mike Scheidt, je peux vous assurer que c’est absolument géant ! Ce mec doit être possédé !
Les vingt minutes suivantes sont consacrées à la fermeture de l’album. Le morceau éponyme débute dans une douceur crue. C’est un morceau touchant, remarquablement interprété, débutant comme un ballade Rock des années 1970. La tension y monte doucement - nous accompagnant vers un grand moment de rage au cœur du morceau - puis se relâche progressivement, proposant un final lumineux et aérien, mais rempli de sonorités métallurgiques.

Un nouveau départ. Avec "The Great Cessation", YOB explore les aspects les plus denses, les plus noirs et les plus thébaïques de BLACK SABBATH. Le son est plus dépouillé qu’auparavant, plus proche d’une ambiance live. L’émotion se transmet bien mieux, notamment grâce aux variations vocales de Mike Scheidt. Son travail de composition à la guitare, maillage de riffs monolithiques et de transitions mélodiques, est également remarquable. La batterie donne quant à elle du volume à son interprétation guitare/voix. Enfin, si la basse est peut-être un peu en retrait, elle accompagne bien le tout, proposant même quelques saillies de qualité, comme au début de "Breathing From The Shallows". Aux côtés de "Wavering Radiant" d’ISIS (le dernier album avant la séparation du groupe) et "Crack The Skye" de MASTODON sortis la même année, "The Great Cessation" complète avec évidence le podium des meilleurs albums de 2009.