À l’écoute de ce "Disclosure In Red", difficile de ne pas penser à l’école norvégienne du Metal Gothique tant les références THEATRE OF TRAGEDY, TRISTANIA ou encore les outsiders de The SINS OF THY BELOVED sautent aux oreilles. Pas pour chaque époque (disons que l’on ne retrouve rien de "Musique" chez TRAIL OF TEARS), bien entendu, mais nous retrouvons ces vocaux typiquement Death qui donnent la réponse à une jeune femme qui tend ici vers Floor Jansen (AFTER FOREVER) sur une musique qui ne ferme pas la porte à la mélodie.

Alors effectivement, la formule est très classique et il est difficile de trouver quelle est l’originalité du combo après le déluge qu’avaient représenté "Velvet Darkness They Fear" et "Aegis" dans le domaine, où tout semblait dit dans le domaine. Aussi TRAIL OF TEARS va jouer plus fort, développer plus de puissance, de lourdeur, sans oublier la voix d’Helena Iren Michaelsen qui lorgne plus du côté contralto par rapport au timbre doux et cristallin de Liv Kristine. Et le jeu des comparaisons pourrait durer encore longtemps, vu que c’est inévitable : le style est figé et témoigne de son époque.

Après, TRAIL OF TEARS, bien qu’il arrive trois à quatre ans après tout le monde, n’est pas non plus qu’un simple suiveur, il tente de se donner une contenance, de développer un son qui lui est propre. Sur ce premier opus, ce n’est pas tout à fait réussi, ça sonne parfois de façon un peu pataude, où transpire une certaine naïveté, et de ce fait le groupe peine parfois à se montrer convaincant, il manque « un truc » si vous préférez.

Pour commencer, ce n’est peut-être qu’un détail, mais la pochette est terriblement clichée. Après, elle ne ment pas quant au contenu et son côté très rouge la rendant un peu lourde transmet un autre visage véridique : l’album s’étire un peu en longueur et l’ennui peut guetter par moments ("Mournful Pigeon", "Temptress") vu que les recettes sont gentiment appliquées et usées jusqu’à satiété, voire plus si affinité. Il y a ces duels entre la voix contralto et les growls qui reviennent systématiquement, de façon assez prévisible sur fond de grosses guitares. Aussi "The Burden", avec son ambiance différente, va s’avérer vraiment très plaisante et apporte son lot de lumière à un album qui se traîne un peu dans sa fange.

Ici, le romantisme est un peu lourd. Le tout manque un peu de raffinement, comme si cet élément, pourtant souvent clé (véhiculer l’émotion est souvent l’un des points essentiels du Metal Gothique ; sans elle le tout sonne désespérément vide et artificiel) n’était que secondaire et que TRAIL OF TEARS misait tout sur l’efficacité. Et à l’écoute de ce "Disclosure In Red", c’est bien cette option qui semble avoir été validée et le rendu final est creux, avec une âme étiolée un peu partout, sur des instantanés de bonnes idées que l’on retrouve pourtant tout du long.

Alors oui, TRAIL OF TEARS est un second couteau de la scène Metal Gothique et ce premier album manque de substance pour mériter mieux qu’un peu de curiosité de la part des amateurs du genre. "Disclosure In Red" est donc à considérer comme un brouillon de la discographie à suivre, qui alternera les hauts et les bas, la faute à des changements de line-up fréquents. Le lot de nombreux groupes, malheureusement, mais qui impacteront la formation norvégienne, qui ne parviendra jamais à s’imposer réellement.