Avec un pas en avant, en continuant leur évolution, et un pas en arrière en revenant à la formule initiée, estampillée et copyrightée THEATRE OF TRAGEDY, TRAIL OF TEARS fait un superbe grand écart, et nous le savons tous, le risque c'est de se claquer quand on est froid.

Ce paradoxal non surplace évolutif avec retour partiel en arrière est-il une raison pour s'asseoir sur ce disque ? Bien sûr que non, d'autant plus que ça ne serait pas confortable et ça nous obligerait à citer Pauline Croze, en disant qu' « on est mal assis là »...

L'évolution principale est une violence et une agressivité sous-jacente dont l'emphase est mise sur un dynamisme jamais employé par ce groupe! Tout en appuyant la mélodicité et la mélancolie. Le groupe met en musique une sorte de désespoir qui l'a mené à la rage. Véhémence tant dans la musique, avec ses guitares mises en avant (depuis l'album précédent), que dans l'interprétation de Cathrine que de Ronny. Oui, même Cathrine a des parties « agressives » (au hasard le refrain de "The Desperation Corridors"). Même si, en fait, c'est juste qu'elles ne sont pas là pour aérer le morceau (Ami lecteur, si tu connais le morceau "Beatus" d'AUGURY – des cousins à Mefisto - tu sais déjà de quoi je parle).

Les titres sont solides et la qualité de l'album est transcendée par une prestation hors norme. Car le joyau de l'album est bien Poulsen, qui effectue son retour, les morceaux, les orchestrations n'étant au final qu'un formidable écrin pour mettre en avant le paroxysme de son talent enfin révélé (c'est tellement agréable de se regarder écrire). On n'ira pas dire que chaque piste est une pépite, mais non seulement les titres sont bons voire très bons, mais depuis la coupure "Free Fall Into Fear" et le virage "Existentia", le groupe semble être arrivé à une maturité. Pour être plus précis, on pourrait décrire le groupe se comportant comme une sorte de DRACONIAN qui aurait vaincu l'apathie, en quelque sorte.

TOT reste un adepte de la scène death-romantico-gothico atmosphérique à flonflons (même s'il commence à apercevoir d'autres rivages) et n'oublie pas les recettes émotionnelles tristo-mélodiques comme sur le mid-tempo "A Storm At Will", mais des titres comme "Take Aim, Reclaim, Prevail", par son aspect direct, reste surprenant et bienvenu. Pour les autres surprises émaillant l'album, citons en vrac "Bloodstained Endurance" et son violon ou encore "Triumphant Gleam" et son intro « trip hop ».

Si chaque chanson a sa couleur/ambiance, le tout se révèle, de manière surprenante, compact et cohérent et vice-versa. Il y a un petit quelque chose qui retient l'attention. Qu'il est loin le temps où TRAIL OF TEARS semblait maladroitement se débattre dans un univers gothico-adolescent, avec des breaks ambiancés révélant la jeunesse du groupe ou offrant des morceaux sensiblement le même tout au long d'un même album. Il est bien évident que le tout sonne très bien grâce à un mix équilibré entre tous les protagonistes de cet album, on y entend même une basse, c'est dire!

A l'écoute de cet album, on peut dire que ça y est : TOT a enfin trouvé son style en se libérant de l'ombre de ces deux glorieux aînés que sont THEATRE OF TRAGEDY et TRISTANIA (en attendant de voir ce qu'ils deviennent après le départ de Vibeke) et devient paradoxalement le leader de la scène norvégienne Death-romantico-gothico atmosphérique à flonflons. Et il était temps!

En résumé: En revenant à la recette mi-voix féminine mi-voix mâaaaaaaaale, sans revenir au côté niais de sa musique, TOT réalise son opus certainement le plus abouti. Un disque de fort bonne facture dont je me demandais si TOT serait jamais capable de réaliser... Et sinon, je vous ai parlé du retour de Cathrine dans le groupe ?


Le morceau mid-tempo-power-ballade où Cathrine elle est trop balèze : "A Storm At Will"
Le morceau synthésisant l'album : "Take Aim. Reclaim. Prevail"
Le morceau où seul du double vitrage vous protégera de son refrain : "Farewell To Sanity"
Le morceau où l'on s'aperçoit que l'on a certainement demandé beaucoup trop à Cathrine tout au long de cet album : "Faith Comes Knocking"