A l'annonce du "WINDIR après l'heure" qu'incarnait cette première galette de COR SCORPII, j'ai davantage pensé "aïe aïe aïe" qu'expié de mes frêles poumons un long cri de victoire. VREID avait su éviter l'embûche même s'il revient régulièrement sur les pas de "Valfar", faute de trouver mieux pour son inspiration, les quelques extraits de COR SCORPII que j'avais écouté semblait très clairement revendiquer la descendance de "Valfar". Il n'y avait rien de plus casse-gueule que de reprendre la même forme et à la fois le même fond, rien de plus casse-gueule qu'oser reprendre ce son de guitare cristallin, rien de plus casse-gueule que de mettre au micro un chanteur black au timbre si proche que celui de "Valfar".

Et pourtant...
"Monument" arrive parfaitement à faire écho à "Likferd", en reprenant pourtant une couleur mélodique pouvant être désignée comme du "WINDIR lambda". Rien de lourdingue, rien de pompeux cependant. COR SCORPII n'est pas le pastiche sonore qu'on pouvait craindre, et c'est tant mieux.

"Monument" est une putain de réussite, il vous prend aux tripes comme les albums de WINDIR le faisait, il vous perche dans cette dimension héroïque et divine, même s'il paraît parfois un peu facile.

Se concentrant principalement sur le travail des guitares, COR SCORPII parvient presque à s'acquitter de ses claviers Jean-Michel Jarriens ou trop clinquants de WINDIR, qui me bloquent parfois dans l'appréciation générale de certains titres ("Journey To The End", l'exemple qui tue). Oui, COR SCORPII se débarrasse du kitschouille... sauf dans "Helvetesfossen", qui était bien parti pour s'imposer comme un des plus grands instrumentaux du genre au même titre qu'un "Ingen Grid" d'EINHERJER (et c'est dire à quel point c'est un compliment, ce morceau-là, je veux l'entendre à mon enterrement !). La fin du morceau s'échoue lamentablement avec ce clavier aquatique tout pourri à peine bon pour une représentation de Dauphin à AquaLand. C'est dommage, mais on s'y fait.

Outre ceci, COR SCORPII pond des riffs d'excellentes factures et cimente ses structures. Il nous fait tenir jusqu'à la fin et nous laisse sur la notre ! Même si je n'ai pas encore retrouvé cette sensation d'extase que j'ai par exemple en écoutant "Kampen" (dans l'album "Arntor"), franchement, cet album vaut la peine. Une des très bonnes surprises de 2008, je ne peux m'empêcher de donner un gracieux 4/5.

(et aussi, dommage qu'il n'y ai pas plus de chant clair, mais ça reste un détail).