C'est avec ce manifeste de la Gorenoise qui existait déjà avant mais tout le monde s'en fout qu'il faut commencer à tirer un peu sur la définition de musique pour parler de LAST DAYS OF HUMANITY. Le programme : un mur de distortion indéchiffrable, des gargouillements à -2 octaves au pitch shifter et une batterie qui blaste avec une ping snare pendant 98% du temps. Rien de très intéressant au premier abord, et pourtant : il y a curieusement une sorte d'hypnose qui se crée entre cette diarrhée auditive et un auditeur déjà passablement aliéné, un rapport au son plus proche de la harsh noise que du Metal ou même du Grindcore traditionnel. Une certaine alternance entre ce sentiment de ramasser de la chair en putréfaction à pleine main et de se faire doucement cimenter les tympans. À force de le souffrir, le disque en devient sympathique, amical, plaisant, une présence réconfortante.

Ce qui distingue ce disque d'autres tentatives d'aller au bout du bruitisme dans le Gore et le Grind c'est une forme de précision et d'application dans l'horreur. On ne trouvera pas ici de drum machine éclatée passée dans un ampli de guitare ou de guitares lancées par les fenêtres pour faire du bruit. On peut distinguer dans les rares passages qu'on pourrait retranscrire un groupe tout à fait compétent qui, sans témoigner non plus d'une virtuosité particulière, semble simplement avoir décidé de rassembler sa technique dans le seul but de produire un des albums les plus révoltants et répugnants de l'ensemble des musiques issues du Rock. Une entreprise qu'on ne pourra que saluer. Et puis quand même, quel batteur.