Sorti aux temps bénis d’une année ultra généreuse en chef d’œuvre Black Metal, OBTAINED ENSLAVEMENT a creusé son sillon éternel en produisant un "Witchcraft" voluptueusement symphonique et scintillant d’une ribambelle de riffs techniques et délicatement mélodiques jusqu’alors jamais aussi bien entremêlé avec des claviers généreusement étoilés. Les compositions de cet opus emportent pour la plupart savamment l’esprit vers des confins mystérieux pointant tour à tour vers des ténèbres affamées ou bien encore se dirigeant près de coins célestes lumineux où la pesanteur ne serait plus.

Et si OBTAINED ENSLAVEMENT a réussi son tour de passe-passe d’originalité, je ne peux m’empêcher de penser à d’autres albums qui partagent cette même irrigation symphonique et/ou mélodique. Non pas qu’il s’agisse d’influences ou de cousinades consanguines mais plutôt davantage le partage de ce fil musical qui les relierait tous entre eux de manière inconsciente. Car en 1997 NOCTES avait sorti un "Pandemonic Requiem" doté d’un Black Metal ébouriffant, ODIUM concevait son "The Sad Realms Of The Stars" très symphonique, MEPHISTOPHELES accouchait "Landscape Symphonies" un album fourmillant de mélodies somptueuses, MUNDANUS IMPERIUM nous propulsait avec son "Ode To The Nightsky" au-delà des atmosphères terrestres et EWIGKEIT nous embarquait avec son "Battle Furies" dans des traverses inconnues et improbables. Et de ces groupes suscités, OBTAINED ENSLAVEMENT pourrait en paraître en partie constitué...

"Witchcraft" - que Satan le bénisse à jamais - conte tant d’épopées stellaires et infernales qu’il serait vain de les happer. Cet album s’attrape au vol, s’écoute en vol et dicte sa loi par maintes fulgurances mélodiques. Pest possède l’album de son jeu imparable, de ses vociférations intranquilles. Malgré une production au rabais, et les affres du temps qui passe n’arrangeant rien, cet album arrive à conserver une aura maléfique imputrescible. Le duel majestueux des guitares, la section rythmique efficace, le tintamarre d’une batterie hors d’elle et les ambiances à la fois épiques, agressives des claviers transcendent l’œuvre en elle-même.

Petit bémol pour moi néanmoins, je trouve la seconde partie de l’album un poil moins inspirée. Le cocon des premiers titres m’ayant déjà fait alunir, j’ai comme l’impression de faire le chemin du retour. Mais je chipote vraiment car "Witchcraft" a gagné son enclave au sein des très restreints albums cultes du Black Metal des années 90. Beaucoup auront tenté d’obtenir le médaillon tant convoité qui les sacraliserait pour la postérité, OBTAINED ENSLAVEMENT savait quelque part qu’il obtiendrait au mérite cette récompense ultime et ô combien ardue pourtant à conquérir. Dans l’Histoire tout court du Black Metal, OBTAINED ENSLAVEMENT sera toujours cité. À chacun son Panthéon, et que ces quatre-là gagnent enfin le repos qui leur est dû après tant de haute joute musicale.

Note réelle : 4,5/5.