"Suicidal Black", "Black dépressif"... En 2002, FORGOTTEN TOMB écrit le premier chapitre d'une œuvre devenue référence absolue dans le genre...

En 5+1 titres (comprenez 5 compositions et une bonus track de 14 minutes lors de la réédition), le one man band italien pose ses jalons. Et de quelle manière !
Ici, c'est le royaume du Doom torturé, écorché et glauque : dès le "Entembed By Winter", les riffs monobloc, la batterie statique et minimaliste (à 1000 lieux des références du BM) ne font que penser à ce genre.
C'est bien la voix hurlée, éructée de Herr Morbid, passant au travers de plusieurs filtres (au cours de la chanson en plus) qui recadre l'ensemble. Cette voix occupe le terrain sur les 7 à 14 minutes que proposent les morceaux : déchirant la nuit, ameutant des hordes de loups issus des forêts sombres et glaciales... Bordel, j'ai toujours détesté ces délires grandiloquents à base de métaphore mais c'est impressionnant comme le Black dépressif peut vous y pousser... "Desolated Funeral" (le titre bonus), à ce niveau, est une totale réussite malgré une production différente et un poil moins sérieuse.

Le rythme s’accélère ensuite parfois ("Solitude Ways", "No Way Out") mais toujours ponctuellement, notamment côté batterie/murs de guitares ("Steal My Corpse" malgré un break final particulièrement mélodique). On notera au passage des titres de morceaux, plein de... dépression !

Le point culminant de ce premier méfait est assurément la géniale "Diheartenment", qui reproduit sur plus de 12 minutes le même plan : un voyage aérien, emprunt de rage et de beauté dans ce que le BM dépressif sait offrir de plus classe. Une voix habitée, un riff lead entêtant et une ambiance tantôt suicidaire, tantôt pleine de furie à fleur de peau. Je raffole de ces moments-là (TOTALSELFHATRED et son premier opus en sont gorgés à la folie).

Une ouverture particulièrement alléchante et réussie par FORGOTTEN TOMB, qui laisse apparaître un potentiel exceptionnel. A ne pas rater.