Difficile de savoir où TIAMAT s’arrêtera dans sa quête musicale insensée. Qu’ils semblent loin les débuts Death cradingues où le groupe n’avait pas encore toute son ambition onirique ! Mais il y a eu "Wildhoney" et ça a forcément changé la donne. À présent, le groupe de Johan Edlund sait qu’il n’a plus de limites et qu’il peut se permettre d’explorer toutes les voies qui s’offrent à lui et les tentations peuvent être nombreuses ! Il lui faudra trois ans pour donner un successeur à ses deux chefs d’œuvre précédents et encore une fois, il nous invite à un voyage pour le moins étrange.

Mais cette fois-ci, Waldemar Sorychta ne sera pas notre guide dans les méandres de la musique de TIAMAT, c’est Dirk Draeger qui est en charge de la production. Ce dernier est connu pour avoir aidé MORGOTH à façonner sa carrière, avec en point d’orgue le renversant "Odium", ce qui n’est pas rien. Et il va contribuer à l’obtention de ce son particulier qu’obtiendra TIAMAT sur ce "Deeper Kind Of Slumber". Le groupe s’éloigne quelque peu du Metal pur et dur pour faire quelque chose qui se situerait entre le "One Second" et l’album "Host" de PARADISE LOST, avec une approche plus synthétique, avec une connotation plus New Wave, façon DEPECHE MODE pour faire une comparaison grossière.

Pourtant, "Cold Seed" ouvre l’album de bien belle façon, avec une guitare qui a de bons relents de part chez nous (comprenez Metal, quoi) tout en délivrant une mélodie imparable, sur laquelle Edlund pose une voix claire. Mais petit à petit, nous sortons de toutes les zones de confort possible pour vivre un étrange voyage musical, avec quelques résonances FLOYDiennes qui émergent çà et là, comme on avait déjà pu en entendre sur "Wildhoney", ainsi que d’autres influences, plus subtiles. On distingue quelques discrètes sonorités Electro, du Trip Hop également, Edlund s’éclate de temps en temps avec le thérémine pour distordre les sons, créer un univers étrange, qui colle bien avec le thème de l’album, qui parle de la relation qu’Edlund entretient avec la drogue.

Et forcément, "A Deeper Kind Of Slumber" n’est pas facile d’accès. Il demande de nombreuses écoutes pour être parfaitement assimilé, dégusté. Il est moins fort que ses deux grands frères d’un point de vue strictement musical, mais il n’a rien à leur envier au niveau des sentiments, des émotions qu’il véhicule. Là encore, Johan Edlund a beaucoup travaillé et délivre un ouvrage exemplaire et fort, qui peut mettre mal à l’aise dans ses moments les plus torturés. Parce que l’on sent que chez TIAMAT la facette quelque peu Gothique qui se dessine ici n’est pas factice, pour coller à une mode, mais elle exprime une réelle profondeur et cela peut en devenir presque effrayant.

Encore une fois, TIAMAT donne naissance à un très bon disque, qui, s’il ne tient pas entièrement la comparaison avec les deux opus précédents, n’a pas à rougir non plus. Il développe une ambiance qui lui est propre, dans une logique implacable, froide, qui fait froid dans le dos. Une œuvre moins poétique que "Wildhoney", mais noire comme la déchéance.