Du côté des délits de sale gueule, je demande The OFFSPRING et encore plus spécialement cet "Ignition" qui semble être un vilain petit canard dans la discographie des Californiens. Alors sans vouloir la faire à l’envers, il semble tout de même qu’il y ait maldonne, là.

Déjà, ce disque n’a plus rien à voir avec le premier album du groupe qui lui, pour le coup, était vraiment inaudible. Mais dans le genre bordel sonore mal produit, il se plaçait là. Une œuvre de jeunesse qui ne mérite pas franchement que l’on s’y attarde, sauf si on est curieux et que l’on veut savoir à quoi ressemble la bande à Dexter Holland en mode keupon américain esprit ’80 (et y a de bonnes surprises malgré tout, mais je pense qu’un remastering pourrait lui rendre justice). "Ignition" présente de sacrées avancées.

Déjà, les musiciens se sont améliorés. Ce qui, je vous l’accorde, est facile quand on part de rien, mais ils auraient pu stagner et là je ne vous raconte pas le cafouillage. Ensuite, la production, quoique toujours un peu abrasive, est nettement plus claire et permet aux morceaux de réellement exister. Pas que ceux du premier essai soient des fantômes, mais ça ressemblait un peu à un truc grondant à cause d’une basse trop mise en avant. Et Dexter Holland crie toujours, mais mieux. Là, au moins, il module.

Aussi, on apprécie bien plus l’aspect parfois colérique de la musique de The OFFSPRING, on sent que le groupe a des choses à dire, qu’il le fait encore un peu maladroitement, mais qu’il stabilise son style, laissant tomber l’aspect ’80 pour sauter à pieds joints dans les ’90 en emboîtant le pas de formations telles que BAD RELIGION et NOFX dans la démarche. Alors oui, ça tabasse, mais il y a une recherche mélodique derrière, des morceaux mieux construits et plus variés et de véritables brûlots pour agrémenter le tout (aaaah, "L.A.P.D.", tout un programme !).

Et on comprend en écoutant "Ignition" comment The OFFSPRING va arriver à faire évoluer son propos jusqu’à "Smash", qui deviendra culte et qui occultera définitivement ses deux grands frères, certainement de façon très injuste (enfin, pas pour tout le monde mais on va faire comme si). Il y a toutes les bases, là, qui ne demandent qu’une chose : qu’une petite fée se penche sur ce berceau de Punk Rock Californien bouillonnant. "Ignition" est l’album jalon d’une trilogie remarquable dans le style. Après "Ixnay On The Hombre", ce ne sera plus tout à fait pareil.


Note réelle : 3,5/5, poussée à 4, histoire de redorer le blason d'un disque mal-aimé.