Objectivité : Qualité de quelqu'un, d'un esprit, d'un groupe qui porte un jugement sans faire intervenir des préférences personnelles.

Ah. C’est mal barré pour cette chronique.

En premier lieu : le Punk, c’est pas ma tasse de thé. A l’exception d’UN groupe.

Vous avez deviné lequel.

Sachez que le sort réservé à un album est résolument multifactoriel : dépendant de l’humeur du couillon qui va le décortiquer, de ses prédécesseurs en matière de comparaison… mais également de la temporalité, et conséquemment du recul avec lequel il va être traité. Dans le cas de "RAFRAG", la quinzaine d’années qu’il a dans les pattes va jouer en sa faveur, car j’ai le souvenir qu’à sa sortie, les critiques étaient loin d’être dithyrambiques à son égard : ne réinventant pas la poudre à couper le beurre, singeant ses homologues, j’en passe… Et à mon humble avis, ces saillies étaient sans autre réel fondement, doublé de la frustration irrationnelle selon laquelle "Les OFFS, c’était mieux avant".

Alors oui, avant cette huitième galette, les Californiens avaient d’ores et déjà plus de bangers dans la culture populaire du boomer moyen que vous n’avez de doigts aux deux mains (celle-ci en ajoutant un de plus avec "You’re Gonna Go Far Kid", titre d’ailleurs le plus streamé de leur discographie), et il va donc être dur de rivaliser avec le passé. Mais "RAFRAG" m’évoque inlassablement la fin de mes années insouciantes, la majorité à peine atteinte, en route pour le Rock en Seine (accessoirement mon premier fest’) avec un pote fanatique absolu du combo, qui à défaut de m’avoir traîné pour y aller, m’a bassiné à me raconter en long en large et en travers toutes les anecdotes à son sujet et m’a fait réviser vainement toutes leurs paroles durant le trajet du RER C. Et sans ces rites insouciants sous airs de tranches de vie, je pense que ma carrière de Metalleux aurait pris un tout autre tournant. Cher ami, je te dédie donc naturellement cette chronique.

Fast-forward en 2023, je pensais découvrir des morceaux en me repassant en boucle le skeud, mais il semblerait que ma mémoire ne m’eut pas fait défaut cette fois-ci, le résultat étant conforme à mes souvenirs et à mes attentes. Ça attaque en beauté avec un "Half-Truism" énergique et au riff pas singulier pour deux sous, le dernier déjà-vu en date étant pour ma part l’intro de "Through The Depths" de DEVILDRIVER. Rien à voir me direz-vous, mais cela souligne l’efficacité de quelques notes convenues, même réinterprétées dans des styles bien différents.

Dans son ensemble, le cahier des charges OFFSPRINGien est rempli, contrairement aux imputations à son encontre : des morceaux acoustiques cucul la praline ("Kristy, Are You Doing Okay?"), des énergiques et efficaces ("Hammerhead"), et des OVNIs, à l’instar de "Stuff Is Messed Up", dansant au possible avec un soli rappé d’Holland qui déblatère tous les maux de la société de 2008 à une vitesse impressionnante qui me faisait triper à l’époque, sans que je n’en comprenne les tenants et les aboutissants, dans ma posture de pseudo-adulte bien loin du sens des paroles :

"Politize, euphemize, injustice everywhere, apathy, I don't care, hurricanes, climate change, huh!"

Marrant, ça marche avec n’importe quelle année de n’importe quelle décennie.

La hargne dans le chant d’Holland est quasi-intacte (je dis quasi, car au Rock en Seine 2008, je m’étais déjà dit que les pépères avaient pris un coup de vieux), Noodles boxe agilement sa gratte et nous gratifie d’un Punk clair et net, sans folie ni fioritures… En somme la clé d’une musique fédératrice.

L’angle de ce "Rise And Fall…" est davantage mélodique que sur les précédents opus. L’âge peut-être, mais il conserve une âme adolescente, certes maladroite, mais à cent pour cent intègre dans l’intention, et c’est ça que je retiendrai de l’ensemble. Tout ne laisse pas un souvenir impérissable, et bien que la discographie des OFFS soit ancrée dans l’inconscient collectif de la plupart d’entre nous, aucun de leurs albums n'est parfait de bout en bout. Sauf "Americana". Ohhh ça va calmez-vous, de toute manière je sais que je vais contrarier du lecteur, donc je ne suis plus à ça près !

Je vais résumer ces écoutes rétrogrades de manière extrêmement laconique en concluant de manière artificiellement consensuelle et prosélyte : "RAFRAG", on aime ou on aime pas. Je ne convaincrai de toute manière personne et je n’en ai jamais eu l’intention, d’où mon inattention d’un épluchage approfondi. Vous en connaissez aussi bien que moi le contenu après tout !

Les années sont passées, les routes se sont tracées indépendamment les unes des autres, des amitiés se sont éloignées, mais les souvenirs restent intacts. Pas parce que c’était mieux avant, mais parce qu’avant, c’était tout simplement chouette, à l’instar de cet album.

Et oui je le préfère à "Splinter" ou même à "Conspiracy Of One", voilà, c’est dit merde ! Bashez-moi dans les commentaires, faites-moi du mal !

Note réelle : Nostalgie/20.

Morceaux préférés : "Hammerhead", "Stuff Is Messed Up", "Half-Truism".

Allez, et parce que pour une fois je n’ai rien à dire sur la pochette, voici un petit glossaire des inspirations de cette galette :
"All I Want… Is Trust In You"
- "A Lot Like… What I’ve Done"
- "Fix You… When September Ends"
- "Let’s Hear It For… All The Small Things"
- "Rise And Fall… You American Idiot !"

Et le plus beau, c’est que tout tient la route !