S’il vous plait, chers lecteurs assidus de NIME, s’il faut me faire confiance une fois, c’est là, maintenant, tout de suite. Qu’on me brûle sur la place publique si je me dédis un jour : l’introduction de cet album et du premier titre qui le lance, "Violent & Funky", est probablement la meilleure entrée en matière ever, tous styles confondus. Si vous ne la connaissez pas, faites une pause dans la lecture, collez-la-vous dans les cages à miel en poussant les potards sur 11, et on se reparle après.

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C’est fait ? On peut reprendre maintenant du coup et commencer à causer sérieux, entre gens de bonne compagnie.

Nous sommes en 1994 et la "Fusion", comme on dit à l’époque dans la cour de mon lycée, est en train de prendre le pouvoir, en tout cas de sévèrement marcher sur les platebandes d’un Grunge alors omnipotent. La faute à qui ? A RAGE AGAINST THE MACHINE, qui a sorti son éponyme 2 ans plus tôt et a tout rasé sur son passage, au grand dam de Cyco Miko, qui se targue d’avoir fait de son SUICIDAL TENDENCIES un précurseur du genre, sans jamais connaître la même reconnaissance auprès du grand public. Il embarque alors son pote Rob Trujillo, déniche Brooks Wackerman (seulement 17 ans à l’époque, il officiera par la suite avec BAD RELIGION et AVENGED SEVENFOLD, entre autres) et débauche le duo Dean Pleasants/Adam Siegel à la gratte afin de métalliser le PARLIAMENT du grand George Clinton.

La basse de ce bon vieux Robert est assez dingue de bout en bout. On n’est pas loin du talent d’un Les Claypool de PRIMUS, la folie en moins. Ça ne rend que plus frustrant le fait de ne pas le voir exprimer son talent dans un groupe aussi normé que METALLICA. Du premier titre à l’éponyme, ça évolue à un très très haut niveau, et l’attelage formé avec le jeu de batterie est simplement excellent, tout en feeling. La qualité du duo Flea/Chad Smith des RED HOT CHILI PEPPERS est ici à mon sens égalée.

Alors pourquoi cet album n’est-il pas complètement culte ? La faute sans doute au chant de Muir, répétitif à souhait. Déjà que le bonhomme n’est pas connu pour des capacités vocales hors du commun, il fonctionne ici un peu en pilote automatique, répétant ad nauseam ses schémas vocaux usés jusqu’à la moelle. Et le concours de quéquette que représente le "Do What I Tell Ya", en réponse à RATM qu’il estime formaté par les médias, est assez pathétique dans son message, car la comparaison au niveau puissance ne joue pas en la faveur d’INFECTIOUS GROOVES. « Pussy », really ?

Après Miko et sa bande ont voulu avec ce projet se faire plaisir loin de la pression de SUICIDAL, et franchement, c’est quand on a l’impression d’entendre une jam entre potes et que l’alchimie se produit subitement, que le plaisir est le plus grand. "Groove Family Cyco", à la pochette joyeusement bordélique et colorée, possède de grands moments, mais ne tient malheureusement pas sur la longueur, faute de compositions suffisamment solides. Un ou deux titres semblent même avoir été composés en studio, tellement le songwriting est inexistant ("Cousin Randy").

Reste la meilleure intro de tous les temps, mais ça, vous êtes désormais au courant.

Note : 3/5.