"In Utero" est un album des plus déstabilisants.

Décrié, mal aimé, il a franchi les épreuves du temps en courbant l'échine, en vivant dans une forme d'ombre de son glorieux grand frère "Nevermind"...

A titre personnel, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec cet opus. Aussi surprenant que cela, à la lecture de ma note finale. "In Utero", c'est un peu comme reprendre son entrainement de footing alors que vous avez encore des courbatures : vous appréhendez mais une fois que vos muscles sont chauds, cela va déjà mieux.
Ici, c'est à peu de choses la même situation : les premières notes de "Serve The Servants" empreintent de fausseté et d'un manque d'harmonie, dérangent. Et puis cela va mieux...
Cet opus est une forme de suicide (sic) commercial tant Kurt Cobain et sa bande se contrefoutent des codes, d'un semblant de règles ou encore moins de réussite financière.

On retrouve exacerbé le côté écorché vif dans un chant lancinant, des riffs rageurs et des textes hurlés ("Milk It", "Scentless Apprentice", "Radio Friendly Unit Shifter", "Tourette's") qui sont entrecoupés des hymnes paisibles et dépressifs qui constituent également la force de cet album.
Ces fondations inaltérables que sont "Heart Shaped Box", "Rape Me" (faisant immanquablement se rappeler à nous "Smells Like Teen Spirit"), "Dumb", "Pennyroyal Tea" et "All Apologies", ne pourront subir l'épreuve du temps. C'est sidérant comme ces morceaux ne changent pas, ne vieillissent pas (même pas mal en plus !).

Bon, évidemment, le coup de la track cachée était de bon ton à l'époque et cela m'a toujours fait chier mais au final, malgré un artwork à chier, des titres roots sans concession, ce dernier album studio de NIRVANA (à l'époque personne ne le savait) est une pièce essentielle dans la construction du mythe de ce combo "étoile filante".
Un album O.V.N.I pour un groupe venu bien peu de temps sur notre Terre...

Note réelle : 3,5/5.