Il est de ces retours que l’on n’attend plus, et c’est sans doute mieux comme ça (SYSTEM OF A DOWN). D’autres que l’on pressent imminents mais qu’il conviendrait très certainement d’éviter (GUNS N' ROSES). Également d’heureuses, quoique parfois inabouties, surprises (FAITH NO MORE, MR BUNGLE, AT THE GATES) que l’on n’osait à peine espérer. Et puis il y a les ovnis, surgis d'un autre espace temporel, qui viennent illico coller un sourire sur des visages blasés (The HALO EFFECT et la subite réapparition du riff wizard, Jesper Strömblad, en 2022). "The Reborn" fait partie de cette dernière catégorie, celle des comebacks improbables mais finalement bienvenus.

Dix ans après un hiatus qui avait tout d’un split définitif en bonne et due forme, FALLEN JOY renaît de ses cendres, à l’image de son artwork, pour nous offrir enfin un successeur à "Inner Supremacy", qui, n’ayant pas rencontré la reconnaissance escomptée, avait poussé la formation parisienne dans les limbes de l’oubli, avant que Fenryl ne nous déterre cette petite perle de Melodeath.

Comme à son habitude, le groupe rechange l’intégralité de son line-up. Victor a ainsi fait ses valises et remballé son flight-case, mais FALLEN JOY enregistre en contrepartie le retour de Gul, frontman originel de la bande, derrière le micro pour ma plus grande satisfaction sur "The Reborn". J’avoue que son chant, couvrant aussi bien les registres Black que Death, m’avait manqué sur le précédent LP, dont les voix manquaient un brin d’aspérités et de variété. La mode dans l’extrême est à la versatilité qu’on se le dise, et Leandro, seul membre présent sur l’ensemble de la discographie du groupe, l’a sans doute bien compris et a rappelé son ancien compagnon d’armes à ses côtés.

Retour donc à l’ambiance de l’EP séminal, le chaudement recommandable "Order To Die", y compris au niveau des guitares et de l’ambiance générale, plus entraînante et épique que sombre. Inspirées, les grattes le sont de bout en bout et servent de fil directeur à cette pièce de Death Melo made in France. Si la recette n’est pas d’une folle originalité, elle s’avère en revanche particulièrement bien exécutée et inspirée. Les pistes, d’une constante qualité, s’enchaînent sans aucune fausse note. Malgré le menu gargantuesque de l’opus, qui génère une petite sieste digestive à mi-parcours, "The Reborn" possède ce côté régressif si réconfortant qu’il m’est tout simplement impossible de faire la fine bouche à l’écoute des 14 titres composant le bousin. FALLEN JOY est heureux de se retrouver, et nous avec !

Note réelle : 3,5/5. "Allez, c’est parti, balance putain !"