Nous sommes en 2001, j'achète alors un hors-série de Guitar Part : Guitar Book, consacré à un groupe que je ne connais pas et dont l'univers visuel est pour le moins marqué : MUSE. Très vite, je constate la parenté avec une autre formation que j'admire : QUEEN. Son pianiste très empreint de son parcours classique, son jeu de guitare pour le moins original, à grands renforts d'accords enrichis, possède encore une voix verte, ce qui m'empêche toujours d'écouter "Unintended" et la plupart des titres les plus soft d'un premier album plutôt impressionnant.

Mais s'il n'y avait que le génie précoce de Matthew Bellamy, passerait encore, sur un premier album au son marqué par les premiers travaux de RADIOHEAD et RAGE AGAINST THE MACHINE (dont le guitariste reproduira en grande partie la chaîne de son, bien aidé par le technicien de Tom Morello lui-même), il faut compter sur les compétences de choriste et de bassiste de Chris Wolstenholme dont le travail va caractériser drastiquement le son de MUSE jusqu'à aujourd'hui ; entre sons de basse synthétique, distorsion et parties complétant intelligemment celles pour le moins bruitistes de Matthew Bellamy, qui confirmera sur "Origin Of Symmetry" les franches aptitudes de ce premier album.

Dominic Howard est le métronome parfait pour contenir et maximiser les assauts des deux autres, et difficile de résister à "Sunburn", "Muscle Museum" (et son solo de voix saturée déchirant sur le final), les plaintes de "Cave", ou encore le refrain et l'intro de "Fillip" qui m'ont toujours fait tripper. On peut certes reconnaître aussi qu'il y a du déchet chez ce power-trio qui se cherche encore un peu une identité, notamment toute la fin d'album bien dispensable, qui ressemble davantage à un laboratoire à idées qu'à de vraies chansons à l'identité marquée (hormis "Hate This & I'll Love You" qui porte les prémices des futurs "Citizen Erased" ou "Falling Away With You").