Amateurs de Death Metal d’AOC suédoise, mais pas de Melodeath « à la Göteborg », GRAND CADAVER est fait pour vous ! Véritable hommage à cette scène du début des années 1990, avec ENTOMBED pour chef de meute, les musiciens s’étaient réunis fin 2020 pour nous pondre en secret un petit EP bien savoureux de derrière les fagots, "Madness Comes". Resté bien confidentiel malgré un line-up plus que sexy, avec l’incontournable Mikael Stanne (DARK TRANQUILLITY, The HALO EFFECT) au micro, mais également des anciens de KATATONIA, PAGANDOM ou IN MOURNING, le but de cette réunion était visiblement avant tout de prendre du plaisir ensemble, avec des titres simples mais efficaces, et de tenter de ressusciter cet esprit et ce son si particuliers. Et visiblement, le kif a été tel qu’ils ont décidé de remettre le couvert, quelques mois plus tard, en version LP, avec ce "Into The Maw Of Death".

The Maw Is The Law! Pas de surprise à attendre ici, GRAND CADAVER reprend une formule qu’il maîtrise à l’évidence à la perfection. L’écriture est compacte et très directe, en mode « pan dans les gencives », ce qui ne les empêche pas de soigner les ambiances bien dark qui servent de fil conducteur aux quelques 36 minutes du disque. Chaque musicien trouve parfaitement sa place sur les différents morceaux, mais s’il fallait décerner un prix, ce serait pour la basse de Christian Jansson qui est jouissive de la première à la dernière seconde. Et pour ceux qui seraient restés sur leur faim question agressivité avec The HALO EFFECT, soyez ici rassurés, Stanne a sorti son costume 100% unclean et n’a pas l’air content-content. On l’a rarement d’ailleurs entendu aussi méchant, dans un registre plus grave qu’à l’accoutumée.

L’équilibre de l’album est assez bluffant, entre pistes rapides ("Disanimated") ou plus mid-tempo (l’excellent "Grim Eternal"), voire les deux sur le même morceau ("Reign Through Fire", "Empire Of Lies"), ce qui fait que l’ensemble reste très digeste. Le title-track, seule piste dépassant les cinq minutes, se permet même une longue introduction, semblable à une descente au royaume d’Hadès, pour mieux envoyer les gaz dans la foulée. Mais c’est peut-être "Manifest Insanity" qui m’inspire le plus et son « unhinge the gates of hell » (ouvrez les portes de l’enfer) lascivement balancé sur fond de basse et de guitares dissonantes, labellisées « HM2 », qui me file le plus les poils. C’est simple, ça fait plus d’un an que j’y reviens chaque semaine, sans afficher le début d’une moindre lassitude.

Même l’artwork est savoureux. Pour avoir acquis le vinyle, je peux vous assurer qu’un soin particulier est porté au moindre détail de la pochette. Cette lente mais inexorable procession d’âmes perdues vers les abîmes est d’un raffinement exquis. Peut-être l’une de mes pochettes favorites de l’année dernière, qui mérite pleinement d’être exposée sur grand format.

Bref, un très bon album de Death Suédois à l’ancienne, qui n’a d’autre prétention que de prendre et donner du yabon aux aficionados du genre. Et visiblement, ça fonctionne puisqu’un nouveau méfait est prévu pour 2023.

J’en salive d’avance.