Qu’il est bon de découvrir un nouveau groupe enthousiasmant, en particulier lorsqu’il est issu de nos vertes contrées ! Avant de basculer de l’autre côté du clavier, j’ai traîné mes guêtres sur Nightfall In Metal Earth plus que de raison. Rarement déçu par les suggestions de la joyeuse bande de chroniqueurs, il m’est rapidement apparu que Fenryl et moi partagions de vastes territoires communs, sans doute une question générationnelle… Mais pas que.

Grands fans de Melodeath devant l’éternel, ayant grandi musicalement entre la fin de l’ère NWOBHM et le début du Death (que je maintiens lié à l’émergence de SLAYER et de SEPULTURA, avant que les grands noms ne se fassent une place en enfer), la scène de Göteborg ne pouvait être qu’évidence, pour lui comme pour moi. Elle devrait d’ailleurs également l’être pour vous, la qualité ne se mesurant pas aux nombres de poils blancs jonchant votre pilosité, tant ce genre synthétise à la perfection agression et mélodicité, les deux pans fondateurs de notre courant fétiche.

Donc quand Fenryl nous propose "Order To Die", premier EP des Parigots de FALLEN JOY et nous en dit le plus grand bien, je ne peux que foncer ! Et succomber. Cinq pistes, dont une grandiloquente mais brève introduction, pour poser son espace et nous entraîner dans une succession de chansons simples, efficaces, et diablement entraînantes. Puisant à la fois dans les aspects les plus harmonieux de DARK TRANQUILLITY et dans l’approche plus frontale de CHILDREN OF BODOM, notamment à travers la voix de Gul, qui sait parfois growler mais privilégie franchement un chant Black bien râpeux, Leandro et sa bande y incorporent une dimension épique et paradoxalement enivrante qui fait du bien, à l’exception d'un "Voyage Au Bout De La Nuit", plus torturé. Si une certaine mélancolie parsème la vingtaine de minutes de l’album, elle est plus que contrebalancée par cette envie dévorante de renverser la table.

Loin de se regarder le nombril, FALLEN JOY invite, secoue, emporte tout sur son passage, sans pour autant le faire trop sciemment. Naïvement presque, le combo nous assène ses leads enflammés (un chouïa trop en avant dans le mix cependant à mon goût), ses twin-guitares fleurant bon l’âge d’or suédois, démontrant un savoir-faire dans l’ensemble bluffant, la batterie variant les rythmes à bon escient pour conserver une attention soutenue de A à Z.

Rien ne manque à cet EP, si ce n’est une touche de franche originalité. FALLEN JOY balaie certes les sentiers battus, mais le fait avec une telle conviction et maîtrise, qu’il serait dommage de s’en priver.