IHSAHN a su survivre à l'héritage trop énorme d'EMPEROR, et conduit, pépère, sa carrière solo à coups d'albums de qualité. Celui qui fut jadis le précoce prince des ténèbres est rangé des diableries depuis longtemps. Le compositeur multi-instrumentiste à gros pull chaud et aux lunettes de bobo (j'ai les mêmes) a imposé gentiment son style et peut maintenant jouir d'une belle attention de la part des fans et des médias. "Arktis.", la nouvelle création du maître, encensée par la presse spécialisé, est-elle aussi fabuleuse qu'on le dit ?
La pochette et le titre pourraient nous faire penser que l'ambiance sera froide, voire glaciale. Que nenni. Il s'agit d'un disque vivant et hyper varié, accrocheur et rentre-dedans.
L'album alterne menaces et caresses et multiplie les influences(allez-y entrez, il y en a pour tous les goûts): Heavy moderne nerveux, Heavy 80's joyeux ("Until I Too Disolve"), prog à donf ("My Heart Is Of The North"), électro ("South Winds"), ballades mignonnes (un peu partout), free jazz ("Crooked Red Line"), expérimental et étrange ("Frail"), grandiloquent ("Celestial Violence") et même un peu de Black Sympho ("Pressure").
Les riffs sont bons, techniques et catchy, les airs sont entêtants (même l'horrible refrain pop sur "Dissasembled") mais la sauce ne prend malheureusement pas toujours et l'on est souvent frustré par un break ou un refrain qui font retomber le soufflé. A cela s'ajoute le coté légèrement horripilant des passages plus soft : IHSAHN, en froid intellectuel, a plus que tendance à faire dans la guimauve pop un peu convenue dès qu'il s'agit d'être doux. Ces passages pourraient se justifier par un beau chant clair mais l'ami de Notodden n'est ni Kristoffer Rygg, ni Mikael Akerfeldt. Par contre, quand il se fait plus modeste et qu'il accompagne des passages plus avant-gardistes, son chant clair est plus qu'accepté (je pense à "Frail", sans doute le meilleur morceau du disque).
Bien sûr le norvégien peut compter sur sa voix Black, reconnaissable entre toutes, qui apporte sa dose d'énergie noire, à l'exception de quelques passages où elle dénote à cause du manque de virulence de la musique. Cet album annoncé comme étant le plus accessible est aussi le moins agressif de sa carrière.
Au final cet "Arktis." génère des impressions ambivalentes. Vous l'adorerez mais sans passion. Vous l'écouterez en boucle mais sans mourir d'envie. On est en face d'un album excellent mais qui ne donne qu'un plaisir moyen. Vous trouvez ça bizarre ? Moi aussi.