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DRONE METAL/FOLK  |  STUDIO

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2013 1 Pain Is Beauty
2015 1 Abyss
2019 Birth Of Violence
 

- Style : Jonathan HultÉn, Health

CHELSEA WOLFE - Abyss (2015)
Par ISAACRUDER le 26 Octobre 2015          Consultée 8161 fois

"Where are you ?"

Tu as disparu, tu es un autre, depuis qu'elle n'est plus là. L'encre de tes souvenirs se déverse sur ton âme. Une seule goutte noircit sa surface auparavant polie par des années de bonheur. Ton corps transi appelle une délivrance qui apparaît impossible, ou du moins accessible par un long parcours de tristesse, de culpabilité et d'abandon.
Je me souviens des joies, des rires, des peines, des pleurs. Je me souviens de nos réussites, de nos échecs, de notre avancée, de ta présence. Je vois le vide que tu as laissé, le gouffre dans une existence qui semblait si tranquille.
Je me souviens de tes yeux comme des fenêtres où l'amour se montrait timide.

"Where are you ?" demande CHELSEA WOLFE dans un chant sorti du plus profond de sa solitude. Quand j'écoute "Maw", la mélancolie fait surface. Ce sentiment cher à Hugo que j'ai toujours regardé avec rejet, moquerie presque, et qui, une fois expérimenté prend le sens intense qu'il a dans la bouche des poètes. Et CHELSEA WOLFE est une poète, à bien des égards.
Car "Pain Is Beauty" était déjà une merveille, une œuvre atypique. Mais l'aura noire d'"Abyss" frappe, se fait magnétique. L'écoute de cet album hante, et elle hante d'autant plus la personne qui a connu les sentiments chantés par CHELSEA WOLFE. C'est une artiste qui a la capacité de vous faire comprendre ses textes avec la qualité de sa voix, par les émotions qu'elle véhicule.

Il est étrange que les albums les plus sombres fassent tant de bien à l'âme déchirée. "Abyss" est en obsidienne, en onyx, en métal. Il est dur, froid et terriblement sombre. C'est un chemin de croix musical, où tous les paysages se mêlent, dans un ensemble terrifiant et passionnant. On dit que la mort et la douleur attirent l'Homme, intrigué par ce qu'il ne connaît pas, ou du moins, en être foncièrement spirituel, par ce qui relève de son lien au grand inconnu de l'existence. Les morceaux d'"Abyss" jouent sur cet attrait. "Carrion Flowers" et son groove Electro/Indus rappelle un NINE INCH NAILS macabre qui aurait cédé à la tentation du Doom sale tandis que "Dragged Out" pourrait rappeler le plus lourd du Doom Traditionnel.

"Abyss" pourrait alors être vu comme un album de Dark Pop baigné dans une culture Doom et Black Metal. La construction des morceaux est simple, les refrains magnifiques ("Maw" ou "After The Fall"), mais l'ambiance, le chant rappellent ce que l'on peut trouver dans l'Occult Rock ou le Doom à tendances rituelles. De même, le son et le rythme renvoient à GODFLESH dans cet aspect froid et imposant (incroyable "After The Fall"). Aussi "Abyss" apparaît-il comme un album de confession, presque comme un besoin de libération. Le jouer, le répéter, un mantra pour les perdus. Il est un cri nécessaire d'une âme souffrante tout autant qu'un chant indispensable pour celui ou celle qui cherche à outrepasser la violence de ces sentiments. Mais c'est un chant décidément violent dans la noirceur qu'il véhicule, sans espoir, entièrement façonné par la matière la plus sale. Il n'y a rien de positif dans ce que raconte "Abyss", seulement la longue et triste psalmodie des vaincus de l'existence, des abandonnés et des désespérés. Là est sa force d'attraction et sa magie.

La production est d'ailleurs dans cet esprit. Elle est volontairement impure, rampante, terrible. Les riffs Electro/Indus écrasent et la basse est malmenée pour apporter un caractère massif et mortel à un album dont le propos s'en voit renforcé(le refrain de "Carrion Flowers" est un matraquage débilitant). Le tout sonne comme un vieil album des années du psychédélisme, avec un son finalement peu puissant et un chant tout en effets aériens, mais avec cette force des passages les plus électroniques, soutenus par des rythmes de batterie qui peuvent rappeler la cadence des galères romaines sur les morceaux les plus intenses ("Carrion Flowers" encore, procession des agonisants.)

"Abyss" est à l'instar de "Pain Is Beauty" un album magnifique mené par une artiste géniale. CHELSEA WOLFE, avec sa voix de velours opaque, fascine et désespère, belle mais démoniaque comme l'esprit d'une femme bafouée dans les vieilles légendes européennes (le refrain d'"Iron Moon" bon sang). À l'image de son bel artwork qui renvoie sans mal à la jeune Ophélie d'Hamlet, "Abyss" n'est que tristesse, questionnement, regrets et amertume. C'est un des albums majeurs de cette année, aussi riche musicalement que dans les thèmes qu'il aborde. Comme le dirait ce bourgeois de Charles, avec talent, nous en conviendrons :

Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l'air troublé; les yeux se ferment; le Vertige
Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains.

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   DARK BEAGLE

 
   (2 chroniques)



- Chelsea Wolfe (chant, guitare)
- Ben Chisholm (basse, claviers)
- Aurielle Zeitler (guitare, chant)
- Dylan Fujioka (batterie)


1. Carrion Flowers
2. Iron Moon
3. Dragged Out
4. Maw
5. Grey Days
6. After The Fall
7. Crazy Love
8. Simple Death
9. Survive
10. Colour Of Blood
11. The Abyss



             



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