Volthord nous vante ANGELLORE depuis son premier album ! À l'image de son Doom romantique, la formation française prend le temps de développer ses climats, ses mélodies, avant de livrer le fruit de son art au public, et ce en soignant particulièrement le packaging. Pour un amoureux du cd comme moi, l'édition digipack de "La Litanie Des Cendres" était un véritable cadeau.

Le contenant ok, mais alors le contenu ? En matière de Doom je ne suis pas difficile, même si j'y regarde à deux fois avant de plonger dans le Funeral de mon acolyte Wën. Mais je dois bien admettre que la facette - disons atmosphérique - du genre a toujours su me séduire à partir du moment où elle ne sombrait pas dans une parodie en carton gothique comme cela a pu trop être le cas, notamment il y a vingt ans. Et le Doom oblige à une certaine implication, une musique comme celle d'ANGELLORE perdant une grande partie de son intérêt si on ne s'immerge pas dans son propos. Alors tout cela reste accessible (belle performance avec des titres franchissant régulièrement la barre des dix minutes), mais le cœur de l'album révélant les plus beaux moments ("Twilight's Embrace" avec ses choix d'arrangements qui lui donnent une petite touche médiévisante carrément prenante).

Car ANGELLORE a cette capacité à nous faire voyager dans l'espace, mais surtout dans le temps, car il ravive la flamme d'un style déserté par ses hérauts, qui ont soit splitté, ou sont carrément passés à autre chose. Je retrouve la profondeur mystique de TIAMAT (ces chœurs sur "Moonflower" !), la mélancolie de MY DYING BRIDE (c'est pas le plus souvent, je préfère prévenir) et ces moments de grâce planants : toute l'introduction en guitares harmonisées du mastodonte "Moonflower" final. Et outre cette capacité du Doom à me faire énormément relativiser le temps, "La Litanie Des Cendres" réveille mes sens et surtout mes souvenirs. Pour le coup c'est assez personnel et ne vous aiguillera pas beaucoup.

Mais ce que je peux dire en revanche, c'est que tous les amoureux du Doom Atmo au Doom Death disposent avec la formation française d'un parfait condensé de toutes ces facettes, et sa capacité à évoquer et véhiculer des émotions permet assez rapidement de passer outre certaines imperfections (les harmonies vocales pas très justes de Lucia sur "Still Glowing Ashes" ou encore une batterie pas toujours bien en place (c'est surtout sur le premier titre que ça me perturbe, donc c'est qu'on doit s'y habituer). L'album est très bien tel qu'il est dans son honnêteté, et permet de l'apprécier encore plus pour ce qu'il est, avant que le groupe ne touche la perfection du doigt avec son successeur "Rien Ne Devait Mourir".