Les débuts de THEATRE OF TRAGEDY bien qu’ils ne soient pas exempts de défauts, auront sans doute marqué les esprits, c’est un fait. Le Norvégien THE SINS OF THY BELOVED s’inspire donc fortement des deux premiers albums de son grand frère avec plusieurs trains de retard et une grosse louche de claviers en rabiot. Nous naviguons ainsi dans un Doom Death cotonneux, gothique et hautement mélancolique, marqué comme vous le savez par cette fameuse alternance de chants caractéristique. Atmosphères quasi identiques, chant Death doux et déclamations dramatiques de circonstance, rien ne manque à l’appel. Surtout pas la blondinette de service dont le timbre se rapproche de celui de Liv Kristine en plus fragile et plus éthéré encore. Si si c’est possible, ne nous affolons pas.

Non pas que la voix de la charmante Anita Auglend ne soit pas en place, mais avouons que notre amie en fait des tonnes dans le domaine des miaulements endeuillés. Ce qui aura le don d’agacer sur la longueur, même les plus habitués. Il faut dire qu’une copie carbone aussi appliquée et surtout qui force autant les traits, cela ne s’invente pas.
Il n’empêche, THE SINS OF THY BELOVED parvient à nous emporter dans ses filets à quelques occasions. La surenchère gothique fonctionnera de temps en temps. La surprise proviendra de ce violon qui remplace volontiers les soli de guitares et dont les interventions ne laisseront pas indifférent. Son jeu se révèle autrement plus inventif que celui qui agrémentait l’ancien THEATRE OF TRAGEDY, encore lui.
Cette guitare bourdonnante, dont nous déplorons la pauvreté, est reléguée en rythmique au second plan et se trouve en général recouverte par les autres éléments. Ce facteur aura pour effet de ramollir de manière considérable l’impact de compositions qui peinent déjà à décoller franchement.

Le convaincant "My Love" ouvre les hostilités de façon assez plaisante, grâce à ses trouvailles et mélodies d’une tristesse sans nom. Il faudra toutefois attendre l’inspiré "Lake Of Sorrow", accompagné d’un piano volubile et d’un astucieux break atmosphérique, pour éveiller à nouveau notre curiosité. Parlons également de la mignonne "Until The Dark" dénué de chant masculin, dont la mélodie de couplet addictive ferait verser une larmichette au pire des réfractaires. Un morceau qui n’aurait pas dépareillé sur "Velvet Darkness They Fear" de vous savez qui. Citons en outre ce "Silent Pain" final, pas de quoi monter les blancs en neige en vérité, mais celui-ci ferme la marche avec une construction ingénieuse.
Le combo fait son possible pour ne pas tomber dans le pompier rébarbatif. Et cela fonctionne plutôt, malgré des claviers omniprésents et des titres qui tirent en longueurs inutiles. On pourra regretter que les auteurs s’empêtrent souvent dans des structures redondantes, néanmoins ils distillent assez de variations pour maintenir une certaine attention sur les morceaux réussis. Sinon, avouons que l’ennui guettera rapidement au bout du compte.

Une galette ma foi révélatrice des difficultés que le genre éprouvait pour se renouveler. En dépit d’aspects avenants, en particulier des arrangements et autres gaudrioles soignées, ce "Lake Of Sorrow" ne restera pas dans les mémoires. Il est dépourvu de certaines fulgurances supplémentaires et de plusieurs riffs marquants qui l’auraient sans doute fait grimper dans l’estime des auditeurs. Convenons que les amateurs du style trouveront une relative satisfaction à l’écoute de cette œuvre, dont le véritable intérêt sera pourtant limité.