Avec son précédent album, LES CHANTS DE NIHIL avaient réussi à placer une partie des espoirs du Black français entre leurs mains, en le modelant à son image : froid, mêlant noirceur et un certain lyrisme des textes, avec un goût de maladie et d'ivresse. "Propagande Erogène" suit cette ligne directrice, présente depuis les débuts du groupe. Cette fois-ci, plus de titres, neuf exactement, on regrettera cependant que trois d'entre eux soient si courts et ne soient qu'intro, interlude et outro. Néanmoins, la qualité des six restants fait atterrir l'album à la place du plus abouti, bien devant "La Liberté Guidant Le Fer".

Les ambiances y sont toujours plus dépravées, malsaines, comme sur le titre "Félonne" où l'on sent les riffs lourds et la voix singulière et presque sale de Jerry qui les accompagne, la "crasse" qu'il évoque plusieurs fois au début du titre. Celui-ci est d'ailleurs riche par sa composition, avec une intensité crescendo sur une première partie, gardée dans une seconde plus mélodique malgré une batterie et une voix frénétiques. Le même type d'ambiance malsaine est retrouvée sur le titre éponyme, plus tard dans l'album, où l'on retrouve une atmosphère typique de Black Metal, sombre mais révélant une grande puissance, accrocheuse et entraînante.

Mêlée à cette puissance, l'aspect mélodique prend aussi beaucoup d'ampleur, sur des titres comme "Dissidence Décadente" ou "Du Feu Et Des Etoiles", où les lignes mélodiques surplombent la brutalité et la complètent brillamment. Le résultat est alors un ensemble harmonieux à sa façon, et la bonne qualité du son global de l'album donne un aspect plus abouti à "Propagande Erogène", comparé aux opus précédents.

Un avantage du groupe : on retrouve sur presque toutes les pistes les talents d'écriture de Jerry (chant/guitare), qui sous une forme répondant à des critères stricts et beaux de la poésie, réussit à placer subtilement ses personnages et ses ambiances. C'est par exemple sur "Dissidence Décadente" que l'on trouvera : "Dissidence coupable, C'est ton sang lié de suie, Que la Terre vomit, Sous nos pas implacables", une phrase qui m'a marquée et qui représente plutôt bien les textes du groupe. Il joue sur le contraste du fond et de la forme à merveille sur "Les Reines De Verre", où un érotisme plutôt vulgaire est transmis sur de belles rimes, accompagné de riffs plus lents qui laissent même place à une mélodie de piano à quelques reprises. Ce titre ressort alors d'autant plus malsain qu'il n'a pas l'agressivité présente sur d'autres titres : seules les paroles gênantes ou osées agissent sur le cerveau de l'auditeur et lui transmettent l'ambiance souhaitée.
Il y a là encore un point fort du groupe, la façon de chanter de Jerry permet de comprendre assez souvent les paroles, la richesse des textes ressort alors ce qui donne une place importante à celles-ci.

C'est sur "Fête De La Fédération" qu'encore une fois la puissance et les mélodies se mêlent à merveille. Ce titre est un peu spécial car à la voix de Jerry et Yohan 'Aktivist' (guitare) s'ajoutent celles de Loïc Cellier (BELENOS) et Black Messiah (SETH). Cette multiplicité des voix, donne une image théâtrale du morceau avec une forme de dialogue, de questions/réponses. Cette initiative redonne de l'énergie à l'album, le titre étant placé à la moitié.
L'Outro appelée "Hymne De La Commune" est aussi une part de l'originalité de l'opus. Ces deux minutes semblables à un chant patriotique sont en fait un hommage à "La Commune" (concept qui regroupe les collaborateurs et proches du groupe LES CHANTS DE NIHIL). L'album se termine alors sur une marque de respect pour ceux et celles qui suivent le groupe, un lien avec les auditeurs, ce que je trouve tout à fait remarquable, surtout pour un groupe de Black.