Deuxième auto-production du Canadien David Parks après "Aurora Borealis" pour le moment inconnu de mes tympans, "Land Of The Evening" est en tout cas sacrément prometteur. Derrière le coup de crayon de Kris Verwimp, d’autant plus juste qu’il joue avec un motif minimal, se cache une œuvre grandiose, époustouflante et peut-être même trop énergique et référencée pour plaire aux plus binoclards des Metalleux vikings.

Au Pays de l’Etoile du Soir, il faut se réveiller l’épée au poing pour ne pas se faire désarçonner par une attaque frontale presque inesquivable. On se prend tout dans la tronche, dans un acharnement épique reprenant la mélodicité d’un WINDIR (plutôt "Likferd" qu’"Arntor"), l’élégance charnue d’un KAMPFAR et la noirceur grandiose d’un NOKTURNAL MORTUM (derniers albums). Il y a ces riffs qui tailladent ce brouillard de guerre aux allures Frazettiennes, ces claviers (ou un 'programming') qui s’élèvent comme des forteresses noires pour bâtir des ambiances dantesques (mais pas forcément très distinguées). Il y a cette rythmique qui dégobille sa haine comme un berserk overdosé, appuyée par une batterie triggée sur mesure (rappelant peut-être les mitrailleuses d’un BELENOS) ! Seul le chant black simplement guttural et parfois un peu linéaire aurait pu se faire un porte-étendard plus efficace d’une fureur certes encadrée par une stylistique parfois superficielle, mais qui ne cache à aucun moment son entrain viscéral. C'est définitivement cela qui séparera définitivement DARK FOREST d'un EQUILIBRIUM, par exemple.

Ce n’est peut-être pas très fin, et c’est clairement l’énergie qui prime, mais toute cette bombaste épique aux effets hollywoodiens (c’est fauché mais ça ne se voit pas !) qui dégomment dans tous les sens garde pourtant une vraie odeur de soufre et de membres qu’on déchire. On aurait presque voulu plus de chœurs, soit viking, soit lyriques, pour aller jusqu’au bout de l'excès.

Peut-être quelque peu artificiel par moments, et surtout bien trop irrespirable pour pouvoir laisser quelques émotions plus profondes instiguer son œuvre, le one-man band DARK FOREST a sacrément de talent à revendre mais n'en tire pas entièrement profit. La question de l’originalité devient, certes, bien ténue alors que le genre semble en avoir vu trop de vertes et de pas mûres pour ne pas sembler complètement ratiboisé de bout en bout – en cela, même une sortie archi-pointilleuse comme le dernier Árstíðir Lífsins paraît à certains moments bien terne. DARK FOREST n’est donc certainement pas le premier groupe de Black épique et/ou Viking que je me farcis cette année, mais il est pour le moment le seul à faire gravement de l’œil à l’excellent "Urd" de BORKNAGAR.

Alors, DARK FOREST, autre clone de WINDIR et consorts bâtissant tout sur une démonstration énergique, ou nouveau venu dont il faudra guetter les futurs faits et gestes ? Mon cœur balance encore, et ma note reflète donc de manière assez ingrate le petit attachement hautain que je porte à "Land Of The Evening Star".