Cette fois-ci, pas question de perdre du temps ! STREAM OF PASSION revient avec un nouvel album deux ans après "The Flame Within" qui avait donné lieu à un sacré remaniement de line-up (pensez-vous, 50% de l'effectif !). Ils le défendent sur scène avec vigueur en première partie d'EPICA, et démontrent leurs qualités, menés par la délicieuse Marcela Bovio. Ce concert du Transbordeur m'a tout logiquement poussé à me pencher plus sérieusement sur le cas STREAM OF PASSION.

Ces derniers changent de batteur, mais le reste de l'équipe à l’œuvre sur "The Flame Within" reste en place. L'excellent Davy Mickers est parti rejoindre ses comparses d'UNWRITTEN PAGES et c'est donc Martijn Peters (NOVACT) qui prend la relève. Pas de traumatisme, mais son passé dans le Metal Prog et la stabilité du reste du line-up poussent le Metal Mélodique des Hollandais (et de sa Mexicaine) dans une direction plus prog qu'auparavant (ce "Darker Days" proposant d'originales tournes en 5/4).

La production a donné une part plus importante aux guitares sur "Darker Days". Le travail sur celles-ci est beaucoup plus fouillé et on a de VRAIS riffs (cela nous change des rythmiques boum-boum où la guitare n'a pas de rôle autre que rythmique et sonore). Les riffs de "Collide" ou de "Darker Days" sont des appels au headbanging. Stephan Schultz est toujours en pleine bourre et il nous offre d'excellents soli ("Broken") à la fois techniques et très mélodiques. Eric Hazebroek, tout aussi pertinent, délivre avec "The Mirror" une démonstration de concision et d'efficacité. Le clavier n'a pas perdu sa place non plus et l'équilibre de sonorités entre cordes et piano agrémentant les guitares conserve son importance dans la personnalité de STREAM OF PASSION.

La grande différence vient donc de la place accordée aux guitares qui se font littéralement plaisir en occupant le champ sonore et en drivant les morceaux, là où les premiers opus se laissaient plutôt guider par le chant de Marcela ou le violon. Marcela joue moins de son instrument sur ce disque et c'est un accordéon qui fait son apparition pour apporter une touche mélancolique ou nostalgique ("Lost"). Le bandonéon est même de rigueur sur "Spark", jolie petite ballade où la douce voix de Marcela est accompagnée par le piano et où sa prestation vocale aurait presque des airs de Simone Simons sur certains passages. C'est sur ce genre de titre que l'on perçoit le mieux les qualités d'interprète de la Mexicaine. Le rendu est aussi intéressant que le résultat est inattendu. Marcela insuffle également plus d'énergie à son chant. Il se fait puissant sur "Lost" ou encore "The Scarlet Mark". Cette interprétation un peu plus volontaire et les lignes de chant entre pop et trad de Marcela tendent à rapprocher la production musicale du groupe de ses compatriotes de DELAIN, en particulier sur le morceau-titre ou encore sur "The World Is Ours" sans jamais toutefois sombrer dans la copie. Il s'agit plus d'une impression instantanée sur certains passages qu'une véritable similitude. Marcela Bovio utilise aussi beaucoup plus l'espagnol pour s'exprimer et sa voix a bien plus de profondeur et d'intensité quand elle chante dans sa langue maternelle. Le refrain de "Reborn" semble soudain plus pertinent, il en est de même sur "Nadie Lo Ve", ballade évoquant "Nostalgia" (sur "Embrace the Storm") et chantée intégralement en espagnol, comme cette dernière.

On ne peut nier que le groupe a cherché à faire évoluer sa formule, la rendant plus punchy tout en diversifiant les ambiances, les lignes de chant et les sonorités (l'apport de l'accordéon). On pourra en revanche regretter qu'il ait minimisé le rôle du violon et plus généralement du quatuor à cordes qui faisaient le charme de ses deux premiers opus. On sent que STREAM OF PASSION aimerait faire coexister tous les aspects de sa musique (à l'image du puissant "Lost"). "Darker Days" met en avant la puissance et le potentiel live de ses titres en soignant bien les mélodies ("Collide", "Broken") et la puissance de la rythmique.

Le dilemme qui attend le groupe sera de réussir à concilier la sensibilité de sa musique, les influences latines de Marcela, les textures bien spécifiques apportées par les cordes et l'accordéon, avec des velléités de plus en plus progressives tout en conservant un format court (peu de morceaux atteignent la barre de cinq minutes) et catchy qui fait aussi la caractéristique du groupe depuis ses débuts. STREAM OF PASSION reste à part dans le paysage du Metal à chanteuse et on souhaite qu'il le reste ; car "Darker Days" ou "Broken" sont des perles que seuls eux sont capables de pondre. STREAM OF PASSION accouche certainement avec "Darker Days" d'un album de transition (l'avenir nous le dira) qui est moins homogène que son prédécesseur, mais qui comporte plus de titres forts ("Lost", "Collide", "Spark", "Darker Days", "Broken" et "The Mirror"), mais aussi quelques morceaux en deçà . Il récolte donc la même note que "The Flame Within" mais pas nécessairement pour les mêmes raisons.

Note réelle : 3,5/5.