On pourrait facilement prendre "Il Confine" comme il vient, pour ce qu'il est, sans regarder plus loin que le bout de son biniou : un album de Folk Metal, mêlant influences celtiques et Mittel-Alter rock à l'allemande, le tout chanté en Italien. De quoi passer un bon moment. Pourquoi chercher plus loin, s'attarder sur les détails, pinailler ? Les chroniqueurs sont vraiment des êtres vils, des empêcheurs de tourner en rond, des gâcheurs de plaisir...

Malgré tout (et pour la défense de notre noble corporation), il faut dire que si FOLK STONE avait proposé autre chose que du IN EXTREMO au pays de la Cicciolina, la sauce aurait probablement pu prendre. Avec un nom pareil, le groupe aurait pu s'orienter vers un Metal celtique festif et fédérateur, et parcourir les routes avec des vêtements en chanvre sur la peau, colportant de-ci de-là ses chansons à boire et ses hymnes fraternels. Alors que la mondialisation galopante embrume les espoirs d'une Europe unie et que des velléités nationalistes émergent, voici qui aurait apporté du baume au cœur aux habitants de ce pays berceau des Senones et des Insubres, quelques-unes des peuplades celtiques qui établirent domicile sur les terres transalpines.

FOLK STONE voyage donc en des terres traditionnellement teutonnes, proposant un folk metal aux rythmiques martiales et au chant grandiloquent, apanage séculaire des IN EXTREMO, SUBWAY TO SALLY et autre SALTATIO MORTIS. Le groupe italien tente de s'insérer en épousant sans réserves les codes et les stigmates du genre, allant même jusqu'à s'imposer un rythme d'ouvrier stakhanoviste qui porte pourtant un préjudice considérable à cette scène en quête de renouvellement (quatre albums parus depuis 2008). C'est certain, la présence d'une harpe doucereuse, comme sur l'introduction de la solennelle "Ombre Di Silenzio" apporte une légère touche d'originalité qui permet à la pilule de passer. Le reste du temps, toutes bombardes et cornemuses dehors, FOLK STONE balance un Metal bariolé dont l'efficacité n'a d'égale que la redondance des atmosphères distillées. "Nebbie", titre le plus énervé de l'album, donne l'illusion d'un groupe sachant se faire efficace, faute de proposer du neuf. Il est clair que l'enthousiasme ne fait pas ici défaut, et l'on succombe sans rechigner aux sirènes de quelques mélodies faciles et entraînantes ("Grige Maree", "Storia Qualunque"). Loin d'être vide d'idées, "Il confine" manque cruellement d'une force motrice, d'une identité propre lui permettant d'être qualifié d'autre chose que de pâle copie d'IN EXTREMO.

Même le chant en italien, pourtant "exotique" dans ce contexte musical, parvient, sous les déclamations du chanteur Lore, à sonner "à la teutonne", signe tangible d'une volonté de coller à l'univers des idoles plus que de proposer un univers propre. Les novices y trouveront peut-être de quoi assouvir leur soif de découverte, les blasés n'y verront que de la poudre aux yeux, un album "de plus" ne proposant rien de suffisamment intéressant ou novateur pour permettre au groupe transalpin de les séduire. En variant son propos, FOLK STONE pourrait avoir une carte à jouer à l'avenir. Forza !