Pour les aventuriers de l’extrême en quête de fraîcheur et d'une certaine notion du renouvellement spirituel, foutez le camp y a rien à voir ici. Par contre les fans de Death Metal, les vrais, restez, y'a largement de quoi satisfaire votre insatiable appétit ici !
Quand on y pense, la scène Death actuelle c'est un peu un truc de fou. Pour peu qu'on fasse abstraction de la notion d'originalité (relative à la rigueur), c'est juste dingue le nombre de formations de qualité qui inondent les placards des distros. Souvent mineures et jeunes mais aussi bizarrement la plupart du temps d'un niveau qualitatif assez haut. Il suffit de mater les sorties de chez les grosses usines comme Sevared Records, Xtreem Music et Hell's Headbangers : ça s'arrête jamais, on a jamais entendu parler du quart des groupes, c'est rarement transcendant mais aussi et surtout très rarement mauvais pour les Deatheux accomplis. C'est ptet paradoxal, je sais pas, je me pose plus trop la question.

Bref, à un moment ou à un autre on arrive sur ce HUMAN INFECTION. Exactement comme le PARASITIZED et le dernier SPLATTERED ENTRAILS, d'abord auto-produit et distribué à l'arrache comme ils le pouvaient en fin 2011, puis rameuté chez Blast Head Records pour célébrer l'ouverture du label. Label qui s'avère plus que prometteur quand on voit la solidité de ses premières sorties, voilà qui me fait baver quant à la compile de ABERRANT à venir.
Et donc, formé sur les cendres fumantes résultant des splits de WAR WITHOUT REASON, THE PEAR OF ANGUISH et CARNAL DEFORMITY (ça dit quelque chose à quelqu'un ?... non ?...), cette grosse Infection Humaine et sa jolie pochette bien qu'un poil trop synthétique Warhammer 40K dans l'esprit (accompagné d'une jolie illustration gore vermicelle de Mike Majewski à l'intérieur) a enfin moyen de venir squatter l'espace sonore de toutes les chaumières. Et ça le fait, c'est le moins qu'on puisse dire.

Parce qu'on dirait pas trop vu de loin mais le Death Metal ici pratiqué est relativement Old School. Bien influencé par les CANNIBAL CORPSE, MONSTROSITY et ce que SUFFOCATION nous aura sortit de plus pesant (ça m'a sauté aux oreilles au break de "Within Sickened Prospects"). Le son est lourd, compact, à la Scott Burns. Sauf que là c'est un certain Trey Richards aux manettes.
En tout cas, ils envoient la sauce comme un bon vieux KRISIUN, plutôt bourrin et pas fin mais jamais inaudible et reposant plus sur la puissance que l'éclatement du mur du son. Globalement plus lourd et travaillé que supersonique, même si bon nombre de blasts s'en mêlent et qu'on est très loin du Doom, mais alors vraiment... Plus AUTOPSY que ASPHYX dans la démarche en somme, la fange en moins. Le vocaliste est d'ailleurs à l'avenant, avec sa voix stéroïdée qui va chercher ses influences chez Chris Barnes et Daniel Corchado.

In-your-face comme on le dit maintenant, toujours catchy en diable avec la science du riff qui fait mal, très mal même ("Perversly Possessed" ou le hit de l'album avec son refrain littéralement écrasant, "Unspeakable Acts Of Violence" et ses trémolos et gros claquements de riffs qui sonnent comme du VOMITORY) tout en restant focalisé. Ce qui ne veut pas dire linéaire attention. Tempos variés qui bifurquent tout le temps au sein de structures néanmoins simples et décomplexées. En fait on est tout simplement en face d'un album relativement bon mais qui pèche par un côté très classique et dans les règles. Comme si en Virginie on devait forcément obéir aux codes préétablis du Death US, surtout Floridien et NY (on a même un semblant de Slam très propret sur la toute fin de "Vile Disposal"). On pousse même le vice jusqu'à un tandem vu et revu pour les deux derniers morceaux, "Virulent Virtue" tabassant en continue avec un flow de growls insuivable et jouissif avant d’enchaîner sur un titre final de 7 minutes où le tempo se plombe lourdement façon INCANTATION de manière très convenue mais réussie (headbang automatique activé au début du dernier tiers) malgré les beaux fails sur les tentatives de soli... On constate également tout au long de l'album une augmentation progressive en qualité, aussi rare qu'un peu débile (les premiers titres étant beaucoup trop dénués de véritable accroche pour foutre une trique aussi intense que celle qui commence à se pointer à partir du titre éponyme).

Alors certes, tout ça c'est du vu et revu, l'intense exercice de name-droping de cette même chronique mettra d'accord même les plus sceptiques. Néanmoins le manque de personnalité est ici amplement compensé par une maîtrise totale du sujet et un certain talent de la composition simple qui rentre dans les dents. Et au fond on s'en fou, le fan de Death veut sa ration en sang frais, et il est ici rassasié pour une dizaine d'écoutes fort plaisantes, le cahier des charges est rempli et tout le monde est content. Ce qu'on peut leur souhaiter pour le futur ? Ne surtout rien changer et nous balancer un autre album de cette qualité, ce genre de groupes est fait pour ça et c'est tant mieux !

Euurgh : un album typique montrant la bonne santé de la scène actuelle, zéro pointé en originalité mais un potentiel récréatif et headbanguant plus que satisfaisant !

3,5/5.